Sorti(e) de boîte : Hexafed

Notre chronique économique vous emmène cette semaine à Moutier à la découverte d’un monde aussi fourmillant que fascinant, celui des insectes. Hexafed est une jeune start-up créée il y a une année et spécialisée dans l’élevage de vers de farine

Céline Albertella, co-fondatrice et directrice d’Hexafed, a récemment pris ses quartiers aves ses pensionnaires, dans ses nouveaux locaux dans les gorges de Moutier. Céline Albertella, co-fondatrice et directrice d’Hexafed, a récemment pris ses quartiers aves ses pensionnaires, dans ses nouveaux locaux dans les gorges de Moutier.

Depuis une année, Céline Albertella, diplômée en agronomie à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires à Zollikofen, élève avec amour des ténébrions meunier ; de petits insectes plus connus sous le nom de vers de farine. Son concept, nourrir, faire se reproduire et au final, transformer ses insectes en matières premières pour l'élevage et les cultures. L’idée étant d’apporter une solution durable à la problématique des protéines fourragères qui sont jusqu’ici majoritairement importées en Suisse sous la forme de blé ou de soja. « L’avantage c’est de pouvoir proposer une protéine locale et élevée en dehors des terres agricoles donc sans concurrence avec la production alimentaire », explique la co-fondatrice et directrice d’Hexafed.

Céline Albertella nous explique en quoi son entreprise propose une alternative plus durable

Installé depuis peu dans l’ancienne scierie des gorges de Moutier, l’élevage compte actuellement une centaine de kilos d’insectes, à différents stades de maturité, des larves jusqu’aux adultes. Si l’entreprise Hexafed est encore en phase d'expérimentation, elle propose déjà un produit à la vente, uniquement destiné aux cultures ; le Frass, un engrais issu des déjections des larves et des résidus de leur alimentation. Comme les insectes peuvent contenir jusqu’à 61% de protéines de haute valeur nutritive, l’idée à terme serait de pouvoir développer la gamme de produits en proposant des matières premières régionales destinées à l’alimentation animale. « Les possibilités sont nombreuses, on peut vendre les insectes vivants, séchés, en poudre de protéine brut, en pellets, sous la forme d’huile, il n’y pas de perte, beaucoup de produits peuvent être revalorisés », souligne Céline Albertella.

Céline Albertella nous explique pourquoi elle a choisi de ne travailler qu’avec le ténébrion meunier

Rappelons que pour l’heure, la législation suisse ne permet pas de nourrir les animaux avec des protéines provenant d’insectes. Mais les mentalités sont en train d’évoluer et la question est dans l’air du temps. Preuve en est, en fin d’année dernière, le Département fédéral de l’intérieur (DFI) avait ouvert une procédure de consultation relative à la révision de l’ordonnance concernant la valorisation des sous-produits animaux comme aliments pour animaux ou comme engrais. À noter également que l’année dernière, la Promotion économique bernoise a soutenu financièrement 133 projets pour un montant total de 21 millions de francs. Parmi les neuf entreprises soutenues dans le Jura bernois, on trouve la start-up prévôtoise Hexafed. Un coup de pouce financier que Céline Albertella compte utiliser pour prolonger sa période d’expérimentation, développer ses connaissances du marché et peaufiner ses techniques d’élevage. /rme


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