Un homme de 46 ans écope de trois ans de prison dont neuf mois ferme pour avoir exploité, enfermé et menotté deux femmes de ménage qu'il avait fait venir en Suisse entre 2018 et 2019. La justice zurichoise condamne aussi son épouse philippine pour complicité.
Dans son jugement rendu jeudi, le Tribunal de district d'Andelfingen (ZH) a reconnu le Suisse coupable de traite d'êtres humains, de séquestrations et de faux dans les titres. Sa sanction est assortie d'une peine pécuniaire de 50 jours-amende à 220 francs et de la poursuite d'une thérapie ambulatoire.
Ce verdict correspond à l'accord passé entre le Ministère public et la défense dans le cadre d'une procédure accélérée, l'accusé reconnaissant les faits et acceptant la sanction requise. Le prévenu a déjà purgé cinq de ses neuf mois de prison ferme et versé 16'000 francs de réparation pour tort moral à ses deux victimes.
Risque de récidive
Sur la base des déclarations du principal intéressé, la Cour doute, cependant, qu'il ait réellement compris les raisons de sa condamnation et la gravité de ses actes. Durant le procès, la semaine dernière, le quadragénaire avait prétendu qu'il n'était pas illégal d'enfermer et de menotter une personne si cette dernière signait un contrat en ce sens.
Selon une expertise psychiatrique, le prévenu présente un trouble de la personnalité narcissique. Son risque de récidive est considéré comme 'élevé'. Il a déclaré aux juges avoir appris, au cours de la thérapie entamée après son arrestation, comment vivre son désir de domination de manière légale.
Appel du jugement concernant l'épouse
En outre, le tribunal a condamné son épouse à un an et quatre mois de prison avec sursis pour complicité de séquestrations, ainsi qu'à 90 jours-amende à 50 francs. Il se montre, en cela, plus sévère que le procureur qui avait requis dix mois avec sursis.
La femme âgée de 32 ans écope aussi d'une expulsion de l'espace Schengen durant cinq ans. Son avocat, qui avait demandé l'acquittement, a annoncé qu'il allait faire appel. Il estime que sa cliente a été manipulée par son mari.
Dix mois de calvaire pour une des victimes
Entre juillet 2018 et juillet 2019, le mari a fait venir en Suisse une Philippine de 22 ans, puis une Brésilienne de 30 ans comme femmes de ménage dans la maison du couple dans le Weinland zurichois, en leur promettant une formation et un permis de séjour.
En réalité, il les exploitait, les enfermait et les ligotait dans un cagibi de deux mètres carrés pendant leur temps 'libre'. Les jeunes femmes étaient payées 800 francs par mois et restaient parfois enfermées jusqu'à 17 heures par jour.
La première femme de ménage s'est enfuie après dix mois, puis a porté plainte. La seconde, arrivée fin juin 2019, a été libérée par la police à la mi-juillet, grâce à la plainte déposée par la première victime.
L'épouse du principal accusé a surveillé, parfois menotté elle-même ou enfermé les victimes dans leur 'geôle'. Sa version des faits, selon laquelle les femmes de ménage auraient 'joué le jeu', n'est pas crédible au vu de leurs témoignages, a déclaré le président du tribunal. De plus, l'accusée n'a jamais exprimé de remords ni fait de réels aveux.
/ATS