L'Europe veut retrouver l'esprit de 1945

Plusieurs dirigeants européens ont appelé vendredi à retrouver le souffle de 1945 dans la lutte ...
L'Europe veut retrouver l'esprit de 1945

L'Europe veut retrouver l'esprit de 1945

Photo: KEYSTONE/DPA Bundespräsidialamt/SANDRA STEINS

Plusieurs dirigeants européens ont appelé vendredi à retrouver le souffle de 1945 dans la lutte contre la pandémie qui déstabilise le monde. Ils l'ont fait lors des commémorations marquant le 75e anniversaire de la fin de la Deuxième guerre mondiale.

'Nous ne devons pas accepter que l'ordre de paix' mis en place à partir de 1945 'parte en fumée sous nos yeux', a dit le chef de l'Etat allemand Frank-Walter Steinmeier dans un discours à Berlin. 'Nous voulons plus et pas moins de coopération dans le monde, y compris dans la lutte contre la pandémie', a-t-il notamment déclaré.

Dans un registre plus national, le Premier ministre britannique Boris Johnson a lui aussi dressé un parallèle. 'En cet anniversaire, nous sommes engagés dans un nouveau combat contre le coronavirus qui exige le même esprit d'effort national que vous avez incarné il y a 75 ans', a écrit Boris Johnson aux anciens combattants. A Londres, les 'Red Arrows' de la patrouille aérienne de la Royal Air Force ont survolé le centre-ville, tandis que les chaînes de télévision ont marqué deux minutes de silence.

L'épidémie, qui a fait un peu moins de 270'000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, a été omniprésente lors des commémorations du 8 mai. Celles-ci ont en effet été limitées au minimum.

Format restreint

En France, le chef d'Etat Emmanuel Macron a présidé à Paris une cérémonie en format restreint, sur une place de l'Etoile quasiment vide. Il a déposé une gerbe devant la statue du général de Gaulle au son de la sonnerie aux morts, et remonté en petite escorte les Champs-Elysées.

Mais les cérémonies en Allemagne ont retenu particulièrement l'attention car, d'ordinaire, ce pays ne commémore pas ou très peu le jour anniversaire de la capitulation du régime nazi face aux Alliés.Cette fois, la municipalité de Berlin a décidé d'en faire un jour férié, une initiative limitée à la capitale allemande et à l'année 2020.

Le président allemand a appelé ses compatriotes à considérer le 8 mai comme un jour de 'gratitude' et non d'amertume pour la défaite, les souffrances subies lors des bombardements alliés, l'expulsion des populations allemandes des territoires d'Europe de l'Est ou les pertes de territoires.

Gratitude

'Oui, nous autres Allemands pouvons dire aujourd'hui: le jour de la libération est un jour de gratitude!', a-t-il déclaré, et 'il nous a fallu trois générations pour que nous puissions le dire de tout coeur'. M. Steinmeier faisait ainsi référence à un autre discours prononcé par un de ses prédécesseurs, Richard von Weizsäcker, et resté dans l'Histoire. En 1985, pour le 40e anniversaire de la fin de la guerre, ce dernier avait pour la première fois parlé d'un 'jour de libération'.

En employant cette fois le terme de 'gratitude', l'Allemagne franchit un pas supplémentaire, à un moment où l'extrême droite remet en cause la culture de repentance allemande des crimes nazis. Le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) a condamné les célébrations. Son principal dirigeant, Alexander Gauland, a affirmé que le 8 mai restait une 'défaite absolue'. L'Allemagne a perdu ce jour-là son ''autonomie' pour 'façonner son avenir', a-t-il affirmé.

Ailleurs, à Moscou, où le 'jour de la Victoire' est fêté le 9 mai, le grand défilé militaire sur la place Rouge auquel étaient invités des dizaines de dignitaires étrangers, a été reporté au nom de la sécurité sanitaire, seule la partie aérienne étant maintenue.

A Londres, la reine Elisabeth II s'exprimera vendredi dans un message diffusé sur BBC One à 20h00 GMT (21h00 en Suisse), soit 'l'heure exacte où son père le roi George VI s'était exprimé à la radio en 1945', a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

/ATS
 

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