Les autorités de La Chaux-de-Fonds ont officiellement restitué lundi à ses héritiers légitimes un tableau du peintre John Constable. L'oeuvre exposée au Musée des Beaux-Arts avait été spoliée par le régime de Vichy. Sa valeur est estimée à un million de francs.
La toile intitulée 'La Vallée de la Stour' avait été saisie en 1942 par le régime de Vichy à une famille juive et vendue aux enchères à Nice en 1943. Or, ce tableau était exposé depuis 1986 au Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds. Il avait été légué à la Ville par un couple chaux-de-fonnier, Madeleine et René Junod.
'Je retrouve une partie de ma famille', a déclaré très ému Alain Monteagle, l'un des descendants de la famille juive spoliée. 'Il y a aujourd'hui beaucoup de joie en moi', a-t-il ajouté. Ce retraité français recherche depuis des années la collection de son arrière-grand-oncle et de son arrière-grande-tante.
Procédure longue et complexe
La procédure pour la restitution de ce tableau aura pris une dizaine d'années. La première demande était parvenue en 2006 au musée. La toile devrait être exposée dans des grands musées, a indiqué Alain Monteagle, représentant de l'Indivision Jaffé, groupe de personnes héritières d'Anna Jaffé, propriétaire du tableau.
L'Indivision Jaffé a fait en 2016 une requête en conciliation au Tribunal régional des Montagnes et du Val-de-Ruz pour la restitution de cette huile. Des représentants de la ville et des héritiers du tableau s'étaient rencontrés plusieurs fois pour négocier.
Pour le Conseil communal, toute la procédure qui a accompagné la restitution du tableau 'La Vallée de la Stour' respecte aussi bien la mémoire que l'honneur et les intérêts de toutes les parties. 'Il n'a jamais été question de cacher la provenance de l'oeuvre', a relevé le conseiller communal Théo Bregnard.
Bonne foi
En septembre dernier, le législatif de la Métropole horlogère avait accepté à l'unanimité la demande de cession de ce tableau. Les élus ont décidé de restituer l'oeuvre contre une indemnité symbolique.
Cette indemnité constituait un signe de reconnaissance de la bonne foi des autorités communales et du couple Junod, qui ignorait que l'oeuvre avait été spoliée. C'était aussi une compensation des dépenses engagées pour la restauration et la conservation de ce tableau.
Les autorités voulaient surtout éviter un procès sur un sujet aussi sensible que celui des oeuvres spoliées. Un tel procès coûterait des centaines de milliers de francs, a relevé le Conseil communal dans son rapport au législatif relatif à la demande de cession de ce tableau. Il aurait aussi mobilisé la presse nationale et internationale.
/ATS