Le prix Médicis, l'un des plus prestigieux prix littéraires français, a été attribué mercredi à Ivan Jablonka. Dans son livre 'Laëtitia ou la fin des hommes', il dresse le portrait sensible d'une victime d'un fait-divers qui avait bouleversé la France.
Le livre d'Ivan Jablonka, écrivain, sociologue et historien de 43 ans, est un peu un ovni littéraire: il n'est ni un roman, ni un essai, ni du journalisme d'investigation mais un peu tout cela à la fois.
Il restitue la vie de Laëtitia Perrais. Cette jeune femme de 18 ans, placée avec sa soeur jumelle dans une famille d'accueil, est morte violée et assassinée en 2011 dans l'ouest de la France. Ce portrait d'une vie fracassée dresse également une radiographie sans complaisance de la France du début du XXIe siècle.
En sociologue, Ivan Jablonka s'interroge sur 'l'énorme misère que notre société produit'. Le fait-divers est traité comme un objet d'histoire. Il est question des inégalités qui divisent les individus dès l'enfance, du rôle des médias, du manque de moyens alloués à la justice.
Il évoque aussi la politique quand elle cherche, comme ce fut le cas au moment du drame, à instrumentaliser une tragédie à des fins partisanes. L'auteur a interrogé les témoins de la tragédie, a rencontré les acteurs de l'enquête et assisté au procès en appel du meurtrier en 2015.
'Une pensée pour Laetitia'
Ce récit, salué par la critique, avait déjà remporté le prix littéraire du journal Le Monde. 'J'ai une pensée pour Laetitia, pour sa soeur Jessica et pour tous leurs proches', a commenté l'écrivain en saluant un 'extraordinaire honneur'.
Ivan Jablonka était en compétition avec six autres auteurs. Il a obtenu 5 voix contre 3 à la romancière mauricienne Nathacha Appanah ('Tropique de la violence').
Le Médicis étranger est allé au Suédois Steve Sem-Sandberg, 58 ans, pour 'Les élus'. Ce livre a pour cadre un centre pour enfants handicapés en 1941 à Vienne, dont certains sont promis à l'extermination.
/ATS