Le livre, un outil de campagne politique, comme un autre

A un mois des élections fédérales, les livres de plusieurs politiciens occupent les rayons ...
Le livre, un outil de campagne politique, comme un autre

Le livre, un outil de campagne politique, comme un autre

Photo: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

A un mois des élections fédérales, les livres de plusieurs politiciens occupent les rayons des librairies romandes, comme celui du socialiste Roger Nordmann, 'Urgence énergie et climat' ou celui de Pierre-Yves Maillard 'Un vélo pour Noël', sorti il y a quelques mois.

A l'ère des réseaux sociaux, le bon vieux livre, comme le vinyle, ne disparaît pas. Au contraire, de plus en plus de politiciens suisses s'attaquent à cet exercice. Et il engrange de beaux succès, comme le livre de Pierre-Yves Maillard, a indiqué à Keystone-ATS Pablo Thuler, le gérant Payot à Lausanne.

Les 1500 exemplaires du premier tirage sont tous partis, explique Michel Moret, le directeur des éditions de l'Aire à Vevey. Et le deuxième tirage de 1000 exemplaires est en passe de connaître le même sort. En lisant ce livre, on comprend mieux la proximité du président de l'Union syndicale suisse (USS) avec les petites gens en suivant le fil de son existence et de son engagement politique et syndical.

Le Vaudois, qui vise le Conseil des Etats cet automne, n'a pas eu recours à un 'ghost writer', souligne l'éditeur. 'Ah non, il fait tout lui même. Et rapidement'. Avant d'ajouter: 'Ici, les politiciens écrivent eux-mêmes en général, au contraire de ce qui se pratique en France ou en Allemagne.'

Pas de chapelles

En Suisse romande, la plupart des politiciens publient dans deux maisons d'édition, L'Aire et Favre. A l'Aire, on peut lire autant les écrits du socialiste Jean-Claude Rennwald ('Socialiste un jour socialiste toujours') que du libéral Eric Rochat ('Mais entrez donc !') ou de la Verte Valentine Python ('Une climatologue au Parlement'), en course pour une réélection au National cet automne.

L'Aire se veut un creuset ouvert à toutes les sensibilités, 'pour autant qu'il y ait une qualité', souligne Michel Moret. 'Le pays est petit, on ne peut pas se permettre d'être une chapelle inféodée à un seul mouvement politique.'

Très ancrés localement, certains politiciens suscitent la curiosité et bénéficient d'un fort capital de sympathie, poursuit Pablo Thuler.

Sans oublier parfois le côté sulfureux: on se souvient de l'affaire Georges Godel à Fribourg, du nom de l'ancien conseiller d'Etat condamné au début de cette année pour avoir dévoilé des éléments normalement couverts par le secret de fonction dans un livre d'entretiens ('Secrets et confidences d'un président').

Mieux que la littérature

Mais même sans l'aiguillon du scandale, les livres de politiciens se vendent bien, 'même mieux que la littérature', révèle Michel Moret: 'il y a un public qui est concerné.'

Si le livre politique constitue une tradition plus française que suisse, les politiciens romands ne prennent pas la plume de la même manière que leurs collègues européens. Selon Pablo Thuler, en France, qui connaît une forte personnalisation du pouvoir, ce genre d'ouvrages est souvent programmatique comme quand Emmanuel Macron sort 'Révolution' en 2016.

En revanche en Suisse, où la vie politique s'appuie davantage sur les partis que sur les personnalités, les livres relèvent souvent davantage du témoignage ou du pas de côté: 'On ne voit pas en Suisse romande les jeunes écologistes sortir un livre avec leur programme', poursuit le professionnel du livre.

L'exemple de Ziegler et Chevallaz

En Suisse romande, 'c'est (l'ancien conseiller national genevois Jean) Ziegler et (l'ancien conseiller fédéral vaudois Georges-André) Chevallaz, qui ont popularisé le genre politique en littérature', se souvient le directeur de l'Aire.

D'autres maisons d'édition, si elles ne publient pas les livres de politiciens en exercice, proposent des textes d'utopies politiques. A Lausanne, les éditions d'En Bas publient par exemple cet automne 'Lutter contre les pauvres' des professeurs Jean-Pierre Tabin et René Knüsel.

A côté des politiciens en campagne, qui cherchent à toucher leur électorat, les conseillers fédéraux prennent souvent la plume une fois retirés du pouvoir. C'est le cas du PLR valaisan Pascal Couchepin qui a publié l'an dernier un dialogue avec le conseiller national Philippe Nantermod ('La suite des idées', Favre). Ou du Neuchâtelois Didier Burkhalter, qui revendique son humanisme chrétien dans son action politique avant de plonger dans d'autres styles littéraires comme le roman historique ou la fable.

/ATS
 

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