Plus que de l'or: culture autochtone colombienne présentée à Zurich

L'art précolombien et la culture autochtone expliqués par la communauté des Arhuacos: un musée ...
Plus que de l'or: culture autochtone colombienne présentée à Zurich

Plus que de l'or: culture autochtone colombienne présentée à Zurich

Photo: Clark M. Rodriguez

L'art précolombien et la culture autochtone expliqués par la communauté des Arhuacos: un musée colombien et deux musées américains ont oeuvré à cette collaboration. Leur exposition itinérante est présentée au Musée Rietberg à Zurich, sa seule escale européenne.

'Plus que de l'or. Pensées et splendeurs de la Colombie autochtone', à voir dès vendredi, 'n'est pas une exposition sur le mythe de l'Eldorado', cher à la vision occidentale de la Colombie préhispanique, souligne sa commissaire Fernanda Ugalde. Au contraire, cette présentation replace la diversité créatrice dans une perspective autochtone, loin de l'obsession de l'or, pillé par les colonisateurs. Céramique, pierre et plumes y ont une large place.

Les objets, des êtres vivants ayant une âme

Selon les Arhuacos, l'un des quatre groupes autochtones de la Sierra Nevada de Santa Maria, dans la partie caribéenne de la Colombie, les objets ont une âme aussi importante que celle des hommes ou des animaux. De même, ils ne considèrent pas les oeuvres de leurs ancêtres Tayronas, peuple de la deuxième moitié du premier millénaire, comme un art du passé, mais comme des objets vivants, porteurs de valeurs et renvoyant au cosmos et à la nature.

Humains, animaux, arbres, pierres ou récipients, tous font partie de la création et n'ont donc ni début ni fin, estiment les Arhuacos. Les 400 coupes, sculptures et autres parures de l'exposition, issues de collections colombiennes, nord-américaines, allemandes et suisses sont donc présentées de manière à ce qu'elles 's'y sentent bien', sans datation et indépendamment du matériau utilisé.

Vision du monde

Les six sections proposées par le Musée Rietberg permettent de découvrir notamment la vision du monde des Arhuacos ainsi que leur amour de la réflexion, assis en cercle et mâchant de la coca pour clarifier leurs pensées ou produire des objets. On y apprend aussi qu'ils considèrent autant le corps que la nature comme leur maison et qu'ils continuent de vénérer la ville préhispanique ancestrale de Ciudad Perdida ('cité perdue') comme un lieu spirituel et sacré.

Leurs huttes servent de points de référence en tant qu'observatoire, calendrier (en suivant la position du soleil) ou lieu d'ensevelissement. L'exposition nous apprend aussi l'importance cosmique du jaguar, être protecteur et alter ego de l'humain, ainsi que des oiseaux, considérés comme des oracles.

Pièces de musée en 'messagers'

La collaboration de membres des Arhuacos avec le Los Angeles County Museum of Art (LACMA), le Museo del Oro à Bogota, le Museum of Fine Arts de Houston a duré sept ans. Lorsque les scientifiques ont montré à l'un des principaux chefs spirituels et politiques des photocopies d'oeuvres détenues par le LACMA, il a d'abord caressé le papier pour consoler un ocarina en céramique, petit instrument à vent en forme d'oiseau, pour avoir été coupé de son espace naturel.

Donner un sens à la présence de l'ocarina dans une collection muséale lui a pris un an de réflexion, avant d'expliquer: 'Les objets sont des messagers. (...) Le but des objets conservés dans les musées est de nous relier. Ces pièces anciennes ont été fabriquées pour servir de liens entre les espaces sacrés et les communautés, dont la mission est de préserver la Terre, de maintenir l’équilibre dans la nature et entre les humains.'

La valeur d’une chose est avant tout une relation, entre individus ou entre les individus et la nature, a alors enseigné le chef spirituel aux chercheurs. Les objets servent de pont entre nos mondes et deviennent les signes de ce qui nous relie.

Espace circulaire de réflexion

Dans une pièce centrale et circulaire tapissée d'images de la nature, l'exposition reconstitue virtuellement un cercle de réflexion. Comme des Arhuacos, les visiteurs peuvent s'y assoir pour écouter la voix d'un guide spirituel et réfléchir à l'équilibre cosmique du monde. Ils y découvrent aussi des citations philosophiques d'indigènes et des masques de théâtre préhispanique, fabriqués par un dramaturge colombien.

Le dialogue interculturel qui a permis la mise sur pied de l'exposition itinérante a été documenté dans un film d'une heure et demie, à voir sur place ou à travers un code QR. 'Notre collaboration se poursuit', confie à Keystone-ATS Julia Burtenshaw, co-commissaire de l'exposition au LACMA. Les réflexions concernent notamment le rôle d'un musée aujourd'hui.

La tournée des objets exposés s'achèvera, en revanche, le 21 juillet. Durant deux ans, ils sont passés de Los Angeles à Bogota, puis à Houston et à Montréal avant d'être présentés en Suisse.

Evènements spéciaux et informations sur https://rietberg.ch/fr/exhibitions/plusquedelor

/ATS
 

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