Catalogne: Madrid durcit le ton mais les séparatistes accélèrent

Le plus hautes autorités judiciaires d'Espagne ont durci les menaces de sanctions contre les ...
Catalogne: Madrid durcit le ton mais les séparatistes accélèrent

Le plus hautes autorités judiciaires d'Espagne ont durci les menaces de sanctions contre les séparatistes catalans qui préparent leur référendum sur l'indépendance. Mais sans réussir à les dissuader d'adopter vendredi une nouvelle loi régionale planifiant la rupture.

Peu avant 01h00 du matin, le parlement régional dominé par les séparatistes a franchi une nouvelle ligne rouge: il a adopté en accéléré - par 71 voix sur 135 - une loi dite 'de transition juridique, fondatrice de la République' catalane. Celle-ci serait activée en cas de victoire du 'oui' au référendum du 1er octobre.

Selon les sécessionnistes, le texte servirait alors de 'loi fondamentale' temporaire dans leur région aux 7,5 millions d'habitants, jusqu'à l'approbation d'une Constitution catalane ratifiée par référendum.

Dès 2014, la Cour constitutionelle avait déclaré anticonstitutionnel le principe même d'un référendum d'autodétermination, que les Catalans réclament depuis des années sur le modèle de ceux organisés en 2014 en Ecosse et en 1995 au Québec.

Jeudi soir la Cour a encore 'suspendu' les textes adoptés par les députés catalans pour organiser la consultation. Vendredi, elle devait aussi suspendre la loi de rupture.

Interdictions ignorées

Mais les séparatistes ne tiennent plus compte des interdictions formulées par ses 12 juges, majoritairement nommés par les conservateurs, dont ils contestent la légitimité.

Noir sur blanc, la cour a averti toute une série de hauts fonctionnaires catalans qu'ils devaient immédiatement s'abstenir de promouvoir 'tout accord ou toute action qui permettent la préparation et/ou la tenue du référendum'.

La liste comprend l'ensemble des membres du gouvernement catalan, mais aussi les maires, les directeurs de la télévision et de la radio publiques régionales ou encore le chef de la police catalane.

Conflit de loyauté

Les 948 maires de la région se retrouvent en plein conflit de loyauté. La Cour leur a enjoint vendredi de 'respecter la suspension de la consultation en les avertissant de leurs éventuelles responsabilités, y compris pénales', tandis que la Generalitat (exécutif régional) leur a demandé jeudi de transmettre la liste des locaux disponibles pour le vote.

La présidente de l'association des municipalités indépendantistes, Neus Lloveras - maire de Vilanova à 46 km de Barcelone - a assuré que 'plus de 600 mairies avaient déjà communiqué au gouvernement régional la disponibilité totale' de locaux pour le vote.

Maires résistants

Certains maires ont toutefois annoncé qu'ils refusaient d'organiser la consultation interdite du 1er octobre, tel Angel Ros, à la tête de Lerida (125'000 habitants).

Jeudi, le procureur général de l'Etat avait annoncé que des enquêtes sur d'éventuels préparatifs du référendum seraient menées avec l'aide de la Garde Civile et de la police catalane, et que les instruments destinés au vote seraient saisis.

'Il n'y aura pas assez de papier pour communiquer tant de sommations et faire peur à pratiquement la moitié de la société catalane', a répondu Lluis Corominas.

Région partagée

La région reste partagée: à la question 'Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat indépendant', 41,1% des Catalans sondés ont répondu 'oui' en juin et 49,9% 'non', selon le Centre d'études d'opinion catalan. Mais 70% des Catalans souhaiteraient trancher avec un référendum en bonne et due forme.

A la tête d'une région grande comme la Belgique et qui produit 20% du PIB espagnol, les indépendantistes assurent défendre leurs droits, après des années d''humiliation' par les conservateurs du parti de M. Rajoy. Ceux-ci avaient notamment obtenu en 2010 de la Cour constitutionnelle qu'elle réduise les larges compétences accordées à la Catalogne en 2006 par le Parlement espagnol.

/ATS
 

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