Quelques heurts sporadiques ont opposé dimanche en début de soirée migrants et policiers aux abords de la 'Jungle' de Calais (nord de la France), à la veille de son démantèlement. Par ailleurs, les dernières mesures d'encadrement de l'évacuation ont été prises.
Les policiers ont lancé des grenades lacrymogènes près de la rocade portuaire et à l'intérieur du campement, où plusieurs dizaines de migrants leur faisaient face, leur jetant quelques pierres. L'une de ces grenades est tombée dans un conteneur à ordures, qui a pris feu. Ce type de heurts est régulier depuis des mois.
A l'issue d'une réunion avec les représentants de différentes communautés présentes dans la 'Jungle' dimanche, la responsable locale de l'Etat français, Fabienne Buccio, a expliqué que ces derniers étaient 'inquiets'. La raison est qu'ils 'ont vu arriver des personnes qu'ils ne connaissent pas, qui essaient de manipuler certains d'entre eux un peu plus fragiles'.
'C'est la dernière nuit donc j'espère que tout se passera bien, mais nous avons mis un dispositif adapté à cette situation', a-t-elle poursuivi. Selon un participant à la réunion, 'les Soudanais ont peur de se faire piller par les Afghans'.
Une dernière mesure de sécurité a été prise en vue de l'évacuation lundi matin: l'accès au camp et à deux rues qui le longe, et qui seront empruntées pour rejoindre le hangar d'où partiront les bus pour les centres d'accueil et d'orientation (CAO), sera limité du 24 octobre au 6 novembre. Raison évoquée: le 'risque élevé' que des militants No Border (ultra gauche) tentent d'empêcher cette opération d'évacuation.
Evacuation expliquée
Si aucun départ n'est prévu avant lundi matin, des représentants des services de l'Etat arpentaient d'ores et déjà le camp dimanche après-midi pour expliquer le déroulement de l'évacuation et justifier son bien-fondé. 'On leur confirme qu'il faut se tenir prêts pour demain', explique l'un des responsables, Serge Szarzyncki.
Sur des dépliants rédigés en plusieurs langues figure un plan du site, précisant le lieu de départ des cars lundi, un hangar situé à quelque 300 mètres du campement. Les migrants se voient également remettre des bandes dessinées décrivant les centres mobilisés pour les accueillir.
'Des personnes restent à convaincre', admet Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration. Comme Karhazi, un Afghan qui regrette ce départ contraint. 'Il faudra nous forcer pour partir. Nous on veut aller en Grande-Bretagne', insiste-t-il.
Plusieurs migrants ont déjà quitté le camp ces derniers jours pour ne pas s'éloigner de la région et préserver leurs chances de traverser la Manche, selon des bénévoles.
Appel au respect
Le gouvernement français, qui assure disposer de 7500 places d'hébergement, espère pouvoir vider la 'Jungle' en 'une semaine'. De lundi à mercredi, 145 autocars se relaieront pour transporter les migrants vers près de 300 centres d'accueil temporaires dans toute la France.
Reste à savoir comment ils seront reçus, alors que certaines villes ont protesté contre le plan de répartition du gouvernement tandis que des membres de l'opposition de droite évoquaient le spectre de la multiplication de 'mini-Calais'.
Le ministre de la Ville Patrick Kanner a réclamé dimanche du 'respect' et de l''humanité' pour les migrants. 'Accueillir dans des villes 30, 40 personnes (...) ça me paraît être la moindre des choses', a-t-il lancé.
Dossier hautement sensible, le cas des quelque 1300 mineurs isolés recensés dans le camp est traité en collaboration étroite avec les autorités britanniques.
/ATS