Victorieuse mais affaiblie, Angela Merkel a promis lundi de trouver une majorité stable pour un gouvernement. Elle dit aussi vouloir récupérer les électeurs qui ont choisi l'AfD. Dérivant vers l'extrême-droite, le parti nationaliste a été rattrapé par ses divisions.
'Tous les partis qui sont à nos yeux compatibles pour une coalition ont une responsabilité pour permettre l'émergence d'un gouvernement stable', a dit Mme Merkel au lendemain du score très bas de 33% de sa famille politique conservatrice. A l'issue d'une réunion de son parti, la CDU, elle a souligné qu'elle chercherait le dialogue avec les libéraux du FDP, les Verts et les sociaux-démocrates du SPD.
Ces futurs pourparlers s'annoncent très compliqués: laminé et au plus bas depuis 1945, le SPD (20,5%) a annoncé vouloir aller dans l'opposition après quatre ans passés dans le gouvernement Merkel. Il ne reste donc plus qu'une solution majoritaire: une alliance inédite réunissant la CDU-CSU, les libéraux du FDP, qui reviennent au Bundestag avec 10,7%, et les Verts, qui ont atteint 8,9%.
Verts et libéraux peu accordés
Problème: Verts et libéraux s'opposent sur des dossiers aussi divers que stratégiques comme l'immigration, l'avenir du diesel, la réforme de l'Europe, la sortie du charbon ou la fiscalité. Ils ont aussi chacun des désaccords de fond avec les conservateurs.
Les négociations pourraient donc prendre des mois, d'autant que la Constitution ne prévoit aucun délai pour former un gouvernement. Ce n'est qu'après l'officialisation d'une nouvelle coalition que Mme Merkel pourra formellement être désignée chancelière une quatrième fois. Autrement, de nouvelles élections pourraient être convoquées.
Autre défi et non des moindres: répondre à la contestation au sein de la famille conservatrice, en particulier la CSU bavaroise, qui milite pour que Mme Merkel entame un virage à droite notamment sur la question de l'immigration.
Pas de mea culpa
Mais Mme Merkel a refusé de faire un mea culpa lundi. Si elle a reconnu avoir souhaité un meilleur score, elle note que la CDU-CSU arrive première 12 points devant le SPD, une victoire sans appel.
L'AfD a construit son succès au prix d'une radicalisation du discours du mouvement, avec des propos révisionnistes sur le nazisme, de violentes attaques contre Angela Merkel ou contre les musulmans.
Les contradictions internes à l'AfD et les divisions autour de la ligne toujours plus extrémiste du parti ont toutefois éclaté au grand jour dès lundi. Une des dirigeantes de l'Alternative, qui fut jusqu'en début d'année sa figure de proue, Frauke Petry, a créé la surprise en annonçant qu'elle refusait de siéger avec l'AfD au Bundestag.
/ATS