La Russie, alliée clé du régime de Bachar al-Assad, a annoncé jeudi un arrêt des raids aériens et des tirs d'artillerie de l'armée syrienne sur les quartiers rebelles d'Alep. La mesure est censée assurer l'évacuation de milliers de civils pris au piège des violences.
'Il y a une grande opération en cours', a précisé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, cité par les agences russes. 'Il va y avoir une colonne d'évacuation de 8'000 personnes'. Ces déclarations n'ont pas été commentées par Damas.
Après l'annonce surprise de Moscou, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a noté un arrêt des frappes de l'aviation syrienne et une baisse des tirs d'artillerie dans les derniers secteurs où les rebelles sont retranchés. 'C'est plus calme. Même les tirs d'armes légères ont diminué ce qui n'avait jamais été le cas jusqu'à présent', a également confirmé le correspondant de l'AFP à Alep-Est.
Un responsable du groupe rebelle Noureddine al Zinki, Yasser Youssef, a cependant émis des doutes sur l'annonce russe. 'On ne peut juger du sérieux de cette déclaration qu'à la lumière de mesures concrètes garanties par l'ONU', a-t-il dit.
Fort de l'avancée fulgurante de ses troupes dans les quartiers rebelles, à Alep-Est, depuis le début d'une offensive lancée le 15 novembre, le président Bachar al-Assad avait refusé jusqu'à présent les appels à un cessez-le-feu. Il voulait coûte que coûte s'emparer de la totalité de la deuxième ville du pays.
Discussions à Genève
Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a estimé qu'il s'agissait d''une indication que quelque chose de positif pourrait se produire'.
M. Lavrov a par ailleurs annoncé que des discussions militaires et diplomatiques russo-américaines se tiendraient samedi à Genève. Leur but est d'étudier notamment des plans d'évacuation des combattants rebelles et des civils qui le souhaitent.
Rebelles acculés
Appuyée de combattants iraniens et du Hezbollah libanais, l'armée contrôle désormais plus de 85% de la partie que les insurgés avaient conquise en 2012, selon l'OSDH. Les rebelles se retrouvent acculés dans quelques secteurs sud d'Alep-Est avec des dizaines de milliers de civils pris au piège.
Depuis le début de l'offensive, 384 civils ont été tués, dont au moins 45 enfants, à Alep-Est, selon l'OSDH. A Alep-Ouest, 105 civils, dont 35 enfants, l'ont été.
Inquiétudes pour les civils
Au fur et à mesure de l'avancée du régime à Alep-Est, les inquiétudes grandissent sur la situation humanitaire. 'Ceux qui (...) essayent de s'enfuir sont pris dans des échanges de tirs, dans des bombardements et risquent d'être la cible de tireurs isolés', a dit le chef du groupe de travail sur l'aide humanitaire dans le pays, Jan Egeland. 'Plusieurs centaines d'enfants, malades et blessés (...) doivent sortir' d'Alep-Est.
Les Casques Blancs, les secouristes opérant dans les secteurs rebelles à Alep-Est, ont lancé un appel désespéré aux organisations internationales pour qu'elles les protègent en leur assurant un passage sûr.
/ATS