Le président américain Barack Obama a choisi mercredi Merrick Garland, un progressiste modéré, pour occuper le siège du neuvième juge de la Cour suprême. Il engage ainsi un redoutable bras de fer avec le Sénat dominé par les républicains.
Magistrat expérimenté, M. Garland, 63 ans, est juge en chef de la cour d'appel de Washington. Son expérience lui a permis de 'gagner le respect' d'élus aussi bien républicains que démocrates, a affirmé M. Obama, appelant ses opposants politiques à étudier sa nomination pour la plus haute instance judiciaire américaine. La Cour suprême doit être 'au-dessus de la politique', a-t-il dit lors d'un discours passionné.
'C'est l'homme qu'il faut pour ce poste, il mérite d'être confirmé', a-t-il ajouté depuis les jardins de la Maison Blanche, en présence de nombreux sénateurs démocrates.
Les républicains, qui dominent le Congrès, soutiennent que le remplacement du juge conservateur Antonin Scalia, décédé en février, devrait attendre l'arrivée du prochain président en janvier 2017. Ils martèlent qu'ils refuseront même d'entendre tout candidat du président, quel que soit son curriculum vitae.
Enjeu de taille
Pour Barack Obama, qui quittera le pouvoir en janvier 2017, l'enjeu est de taille: la Cour est en effet aujourd'hui partagée entre quatre juges conservateurs et quatre juges progressistes. Le nouveau venu aura donc un poids déterminant.
Aux termes de la Constitution américaine, les neuf magistrats de la plus haute instance judiciaire - régulièrement appelée à se prononcer sur les grands débats de société aux Etats-Unis - sont nommés à vie par le président. Il appartient ensuite au Sénat d'approuver ou non ce choix. Le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell a d'ailleurs aussitôt rejeté le choix de M. Obama.
CV solide et très dense
Merrick Garland voit payer son expérience et la mesure qu'il a su garder dans sa longue et brillante carrière au sein de l'appareil judiciaire américain. Agé de 63 ans et considéré comme un progressiste modéré, M. Garland jouit d'un CV solide et extrêmement dense, à la fois dans la magistrature assise et debout.
Très respecté, il a longtemps officié comme procureur. Il s'est vu confié des dossiers d'importance nationale, comme les poursuites visant Timothy McVeigh, l'auteur de l'attentat d'Oklahoma City, qui a tué 168 personnes en 1995.
Il a également coordonné l'accusation contre Ted Kaczynski, un militant écologiste surnommé 'Unabomber', dont les attentats ont traumatisé l'Amérique. Puis il est passé de l'autre côté de la barre, devenant juge à la cour d'appel de la capitale fédérale, une instance réputée pour la valeur des dossiers qui y passent.
En 2013, M. Garland a été promu juge en chef de cette cour d'appel, un poste le plaçant naturellement sur un tremplin pour la Cour suprême. M. Obama, qui en deux mandats a nommé deux juges - deux femmes - à la Haute cour, avait d'ailleurs déjà considéré alors le juge Garland comme un candidat potentiel.
Liste courte de trois candidats
Etant à la fois un homme et un Blanc, respecté sur tout l'échiquier politique, Merrick Garland correspond par ailleurs davantage au profil recherché par de nombreux républicains pour remplacer le juge conservateur Antonin Scalia.
Lunettes cerclées et chevelure poivre et sel, M. Garland était en compétition dans la liste resserrée finale avec Sri Srinivasan, un brillant magistrat d'origine indienne et avec Paul Watford, un magistrat noir dont les états de service en Californie l'ont fait remarquer par les élites de Washington. Mais M. Garland peut se prévaloir d'une plus grande expérience que ses deux rivaux.
/ATS