Des milliers de Polonais manifestent contre les réformes de la justice

Des milliers de Polonais ont manifesté vendredi soir dans une centaine de villes, selon les ...
Des milliers de Polonais manifestent contre les réformes de la justice

Des milliers de Polonais manifestent contre les réformes de la justice

Photo: KEYSTONE/EPA PAP/TOMASZ GZELL

Des milliers de Polonais ont manifesté vendredi soir dans une centaine de villes, selon les organisateurs, contre les réformes du système judiciaire promues par les conservateurs nationalistes au pouvoir. Ils accusent ces réformes de miner l'Etat de droit.

A Varsovie, quelques milliers de manifestants se sont réunis devant le Palais présidentiel avec le mot d'ordre 'Tribunaux libre, élections libres, la Pologne libre', des drapeaux polonais blanc et rouge et des exemplaires de la Constitution. On était toutefois bien loin de la mobilisation de l'été dernier.

'Ces lois mettent définitivement fin au régime démocratique de l'Etat polonais. Elles nous déplacent, d'un Etat démocratique vers une dictature où le pouvoir sera concentré à un seul endroit et où il n'y aura plus de séparation des pouvoirs', a déclaré Michal Wawrykiewicz, de l'Initiative 'Les Tribunaux Libres', un des organisateurs de la manifestation.

'Nous sommes là pour montrer que nous n'accepterons pas tout, que nous n'accepterons pas des lois qui nous sortent de l'Union européenne', a de son côté affirmé Jakub, croisé parmi les manifestants de Varsovie. Selon lui, cette mobilisation 'ne changera (pas) la manière dont les autorités agissent, parce qu'elles n'écoutent pas le peuple'.

Veto présidentiel

Le Parlement débat à nouveau à partir de cette semaine des projets de lois sur la Cour suprême et sur le Conseil national de la magistrature. Ces projets avaient provoqué des manifestations géantes dans tout le pays cet été et des protestations de la Commission européenne et du département d'Etat américain.

Les deux projets avaient finalement été bloqués par le président Andrzej Duda, qui y a opposé son veto en juillet, une décision qui a choqué le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir, dont il est proche. Le président a entériné cependant une troisième loi sur le régime général des tribunaux.

M. Duda avait alors expliqué qu'il refusait de donner un rôle trop important au Procureur général, qui en Pologne cumule cette fonction avec celle de ministre de la Justice.

Réserves européennes

Cette semaine, les deux projets de loi ont été renvoyés en commission où des amendements proposés par le chef de l'Etat en accord avec le président du PiS Jaroslaw Kaczynski doivent être prochainement discutés.

L'un des textes visés par le veto présidentiel octroyait au Parlement le droit de nommer la plupart des membres du Conseil national de la magistrature (KRS), qui désigne les magistrats en Pologne. En vertu du compromis conclu par M. Duda, il faudra une majorité des trois cinquièmes pour nommer de nouveaux membres.

Le PiS dispose d'une majorité absolue à la Diète, la chambre basse du Parlement, mais pas d'une majorité des trois cinquièmes. La Commission européenne a cependant fait savoir qu'elle continuait d'émettre de sérieuses réserves à l'encontre de cette réforme judiciaire qui viole selon elle le principe d'indépendance de la justice.

Le PiS défend ses réformes, indispensables à ses yeux pour rationaliser le système judiciaire et combattre la corruption de la 'caste' des juges. Ses députés ont approuvé vendredi en première lecture les deux projets de réforme.

Réforme de la loi électorale

Ils ont également approuvé en première lecture un projet de réforme du système électoral qui prévoit notamment le remplacement de tous les membres actuels de la Commission électorale nationale par des candidats choisis par les partis politiques.

Selon l'opposition, il n'est pas conforme à la Constitution et pourrait mener à des irrégularités lors des prochains scrutins. Selon le PiS, il permettra d'éviter des fraudes électorales.

/ATS
 

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