Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport sur la guerre menée contre le journalisme par les groupes islamistes armés comme l'Etat islamique (EI). 'Le djihadisme est devenu l'un des pires prédateurs de la liberté de la presse dans le monde', observe l'ONG.
'Comme l'a prouvé l'attentat contre Charlie Hebdo, nous entrons dans une période de mondialisation de la menace. Les journalistes ne sauraient être protégés, et donc l'ensemble des peuples non plus, sans une mobilisation générale pour s'opposer aux idéologies haineuses, parfois soutenues par des Etats. Liberté et indépendance de l'information sont des enjeux majeurs pour l'avenir de l'humanité', affirme Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
Dans ce rapport 'Le djihad contre les journalistes', RSF se penche sur les exactions perpétrées par les djihadistes de Daech, d'Al-Qaïda, des Shebab et de Boko Haram, la genèse de leur haine à l'encontre de tous les reporters et les machines de propagande de l'islam radical et violent. 'Ou comment des groupes extrémistes entendent éradiquer l'information indépendante pour conquérir les esprits', souligne l'ONG.
Le contrôle avant tout
'Les journalistes qui écrivent contre l'EI sont considérés comme des soldats ennemis et, à ce titre, comme des cibles à abattre', estime le chercheur Romain Caillet, spécialiste du djihadisme, ancien enseignant à l'Institut français du Proche-Orient, cité dans le rapport. Les principales victimes de cette 'vision du monde de Daech' sont les journalistes locaux, fichés, intimidés, persécutés et exécutés par les combattants de l'EI, selon l'ONG.
Mais pour les djihadistes, le 'bon' journaliste n'est pas forcément un journaliste mort, poursuit RSF. 'Le maître-mot de leur stratégie reste le contrôle: comme les dirigeants d'Etats totalitaires, les émirs de l'EI veulent avoir la main sur l'information et contrôler au mot près ce que les médias disent d'eux'.
Prises d'otages
Mais les combattants djihadistes peuvent aussi avoir 'une approche plus pragmatique, voire opportuniste' face aux professionnels de la presse. Un constat qui s'applique particulièrement aux reporters étrangers qui ont eu le malheur de tomber entre leurs mains, explique RSF.
Pris en otage, ces journalistes constituent une importante source de revenus pour les groupes djihadistes. En Syrie, le commerce des otages est une véritable industrie et la rançon pour un journaliste étranger peut atteindre, en fonction de sa nationalité, les dix millions de dollars, selon l'enquête de RSF.
/ATS