Un attentat à la voiture piégée a frappé dimanche soir le centre d'Ankara. Cette nouvelle attaque a fait au moins 34 morts et 125 blessés, a annoncé le ministre turc de la Santé Mehmet Müezzinoglu. Ce bilan reste toutefois provisoire.
'La déflagration a été causée par un véhicule rempli d'explosifs à proximité de la place de Kizilay', a ajouté le gouvernorat dans un communiqué. Cet attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat.
Un responsable des services de sécurité a toutefois déclaré que les premiers éléments de l'enquête suggéraient qu'elle avait été commise par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré par Ankara comme une organisation terroriste, ou par un groupe qui lui est affilié.
Des images tournées sur les lieux montrent des débris fumants devant ce qui semble être l'entrée d'un passage souterrain. La déflagration a été entendue à 2,5 km à la ronde et un épais nuage de fumée était visible au-dessus du centre-ville, a constaté un correspondant de Reuters.
Selon un haut responsable des services de sécurité, des tirs ont été entendus après la déflagration. La justice a ordonné de fermer l'accès à Facebook et Twitter après que des images de l'attentat ont été partagées sur ces réseaux sociaux.
L'attentat s'est produit près d'un tribunal et des ministères de la Justice et de l'Intérieur. La chaîne de télévision TRT a précisé que le quartier était très fréquenté au moment de l'explosion à 18h43. Elle a ajouté que l'explosion avait touché un bus qui transportait une vingtaine de personnes près de la place Kizilay et du parc Guven.
La police a déployé d'importants effectifs pour bloquer les accès à la place, survolée par des hélicoptères, a constaté un photographe de l'AFP.
Dissidents kurdes
Ankara avait déjà été frappé il y a trois semaines par un autre attentat suicide à la voiture piégée, qui avait fait 29 morts. L'attaque avait visé des cars transportant du personnel militaire.
Cette opération avait été revendiquée par un groupe dissident du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK). Ce mouvement avait alors annoncé de nouvelles attaques à venir, notamment contre les sites touristiques.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait quant à lui affirmé que cet attentat avait été perpétré par les combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), avec le soutien du PKK. Le chef du Parti de l'union démocratique (PYD), dont les YPG sont le bras armé, Saleh Muslim, et un des responsables du PKK, Cemil Bayik, avaient rejeté ces accusations.
Attaques attribuées à l'EI
La Turquie vit depuis l'été dernier en état d'alerte maximale après une série d'attentats meurtriers, dont quatre ont été attribués par les autorités au groupe Etat islamique (EI).
Le plus meurtrier d'entre eux, le 10 octobre, avait été perpétré par deux kamikazes qui s'étaient fait exploser au milieu de manifestants de la cause kurde devant la gare centrale d'Ankara, faisant 103 morts. Le 12 janvier, douze touristes allemands ont péri dans un autre attentat suicide dans un quartier touristique d'Istanbul.
Longtemps accusé de complaisance envers les groupes rebelles les plus radicaux en guerre contre le régime de Damas, Ankara a rejoint l'été dernier la coalition antidjihadiste dirigée par les Etats-Unis et multiplié les arrestations pour lutter contre les cellules de l'EI sur son sol.
La Turquie est en outre secouée depuis juillet par la reprise du conflit kurde. D'intenses combats opposent ses forces de sécurité au PKK dans de nombreuses villes du sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes. Dimanche soir, les autorités turques ont annoncé la mise en place d'un couvre-feu dans deux nouvelles villes de cette partie de la Turquie, à Nusaybin et Yüksekova.
Ces combats ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement turc avec le PKK à l'automne 2012 pour tenter de mettre un terme à une rébellion qui s'est soldée par la mort de plus de 40'000 personnes depuis 1984.
/ATS