Le gouvernement mexicain a promis mercredi de mettre fin au 'machisme qui tue' quelque 3800 femmes chaque année au Mexique, à l'occasion d'une journée internationale de l'Onu contre la violence faite aux femmes. Des milliers d'entre elles ont manifesté.
'Le machisme tue, détruit la vie des femmes et limite le développement de notre pays', a déclaré mercredi la ministre de l'Intérieur Olga Sanchez à l'occasion de cette Journée internationale de l'ONU contre la violence à l'égard des femmes.
Au même moment, des milliers de femmes sont descendues dans la rue à Mexico pour manifester leur indignation face à cette violence endémique au Mexique.
'Dette historique'
Les manifestantes se sont concentrées autour du Monument à la révolution avant de marcher en direction du Zocalo, la place principale dans le centre de Mexico, où se trouvent le palais présidentiel et la cathédrale.
'N'oublions pas que si cette violence nous unit, elle se transforme aussi en quelque chose de plus fort encore, la digne colère féministe', a déclaré l'une d'entre elles, Luky Coutino, une étudiante de 27 ans.
Insistant sur la nécessité de 'ne plus reproduire le système culturel machiste et patriarcal' très ancré au Mexique, la ministre de l'Intérieur a estimé que ce pays a une 'dette historique' envers les femmes.
'Nous avons une dette historique envers les femmes, en particulier envers les victimes de la violence, et nous ne pouvons pas permettre l'impunité', a-t-elle martelé.
Large impunité
Selon les chiffres de l'Institut national des statistiques cités par la ministre, environ 3800 femmes sont assassinées chaque année au Mexique. Ces dix dernières années, six femmes sur dix ont subi une agression. Les statistiques montrent également qu'en moyenne 32 filles âgées de 10 à 14 ans deviennent mères chaque jour à la suite d'abus sexuels, et qu'une sur quatre a subi des violences en milieu scolaire.
L'impunité dont bénéficient les agresseurs au Mexique est particulièrement problématique puisqu'en moyenne seule la moitié des meurtres classés comme féminicides sont condamnés.
Dans certains Etats mexicains, l'impunité atteint même 98%, selon un rapport présenté mercredi lors de la conférence matinale quotidienne du président Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO). A cette occasion, le président mexicain a souligné que le phénomène d'agression contre les femmes vient des 'conditions de pauvreté et d'inégalité économique'.
Le 9 novembre, la police de la station touristique de Cancun (est) a tiré des coups de feu en l'air alors que des manifestants, pour la plupart des femmes, protestaient devant l'hôtel de ville après le meurtre brutal d'une jeune femme. Cet incident - sans précédent au Mexique - avait suscité de nombreuses critiques dans le pays ainsi qu'à l'étranger.
La manifestation mercredi à Mexico s'est déroulée dans le calme mais aussi dans la tension avec les forces de l'ordre quand certaines manifestantes, plus radicales et revêtues de noir, ont tenté de s'en prendre à des bâtiments publics.
/ATS