Rassurés ou hésitants, voire franchement sceptiques, des Européens ont recommencé vendredi à recevoir le vaccin AstraZeneca. Cela après plusieurs jours de suspension en raison de rares et graves troubles de la coagulation.
A Rome, des dizaines de personnes faisaient la queue en début d'après-midi devant une grande structure mobile spécialement aménagée face à la gare principale.
'Ma peur était que je ne puisse pas être vacciné. Personnellement je n'avais aucune crainte', déclarait Roberto, un enseignant de 58 ans, après avoir reçu une première dose.
Sa collègue Valentina, 42 ans, se montrait moins enthousiaste: 'oui, je suis un peu anxieuse, c'est évident, mais qu'est-ce qu'on peut faire?', s'interrogeait-elle, en regrettant de ne pas pouvoir choisir un autre vaccin.
Pays nordiques pas convaincus
Une quinzaine de pays avaient suspendu l'utilisation du vaccin AstraZeneca en raison d'effets secondaires, mais jeudi l'Agence européenne des médicaments (EMA) l'a jugé 'sûr et efficace' dans un avis très attendu, sur fond de pénurie de vaccins en Europe. Un avis confirmé vendredi par les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour qui le vaccin 'continue d'avoir un profil bénéfices-risques positif'.
Ce feu vert n'a toutefois pas suffi à rassurer la Finlande, qui n'avait jusqu'ici pas suspendu le vaccin du laboratoire suédo-britannique, et a décidé vendredi d'interrompre 'par précaution' l'administration du produit après deux cas de thromboses cérébrales.
Norvège, Suède et Danemark ont eux choisi de conditionner la reprise des injections à des évaluations plus poussées sur les troubles de la coagulation.
Castex et Johnson donnent l'exemple
Premiers à reprendre la campagne vaccinale parmi d'autres, l'Italie, la France, la Slovénie, la Bulgarie et l'Allemagne, devancent notamment l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas, qui recommenceront à utiliser ce vaccin la semaine prochaine.
En France, dont les autorités de santé recommandent de réserver le produit aux personnes de 55 ans et plus, le chef du gouvernement Jean Castex a donné l'exemple vendredi en recevant une première dose.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a aussi reçu sa première dose du vaccin. Le Premier ministre italien Mario Draghi et la chancelière allemande Angela Merkel se sont dits prêts à le recevoir.
Mme Merkel a par ailleurs indiqué être prête à commander le vaccin russe anti-Covid Spoutnik V pour son pays s'il était autorisé dans l'UE, alors que l'Allemagne est confrontée à une augmentation 'très clairement exponentielle' des infections.
Population mitigée
'Franchement, je le ferai pas, j'ai pas confiance', expliquait pour sa part Serena Chérif, une Parisienne pas convaincue. 'Ils l'ont interdit et ils l'ont remis, donc il y a un problème (...). Je le ferai pas personnellement'.
En Espagne, les réactions étaient également mitigées.'Quand j'ai vu les nouvelles, je suis devenue très nerveuse à vrai dire. Je me ferai injecter la deuxième parce qu'au fond le mal est déjà fait, mais oui je suis préoccupée par les conséquences que ça pourrait avoir sur mon corps', a déclaré Laura, 28 ans, qui a reçu une première dose début mars.
'Faisons confiance à la science. Il y a des gens qui fument un paquet de cigarettes par jour et ça ne les inquiète pas, et une petite piqûre comme ça et ils s'inquiètent!', disait quant à elle Marta Estrada, une psychologue de 28 ans qui a reçu une première injection mi-mars.
L'Italie n'a pas le choix
En Italie, 7,4 millions de doses ont été administrées, mais seulement 2,3 millions de personnes ont reçu les deux doses nécessaires pour être protégées. Le sérum AstraZeneca, martèlent les autorités, est essentiel pour ne pas ralentir davantage encore la campagne de vaccination qui piétine faute de vaccins.
'Tout va bien merci, sans aucun problème. AstraZeneca? Sans problème', lançait, serein, Francesco, enseignant de 53 ans, au sortir du centre de vaccination en gare de Rome.
/ATS