Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a défendu lundi devant les dirigeants israéliens à Jérusalem le rêve de voir un jour un Etat palestinien vivre en paix avec Israël, malgré les 'obstacles'. Mais pour l'Etat hébreu, les priorités du moment sont ailleurs.
'Je rêve d'avoir la chance de voir un jour en Terre sainte deux Etats capables de vivre ensemble, dans une reconnaissance mutuelle, mais aussi dans la paix et la sécurité', a déclaré devant la presse M. Guterres, au côté du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Le secrétaire général de l'ONU a reconnu l'existence d'un 'certain nombre d'obstacles'. 'J'ai par exemple exprimé mon opposition aux activités de colonisation' israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée. 'Je crois que mon devoir est d'être à la fois un honnête courtier et un messager de la paix', a-t-il indiqué pour défendre son droit de critiquer Israël.
Mais il a aussi dit la nécessité de condamner 'le terrorisme', 'les incitations à la haine', dans un message, essentiellement adressé semble-t-il, aux Palestiniens, ainsi que les dissensions entre factions palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Le Hezbollah et la Syrie
M. Netanyahu n'a de son côté évoqué le conflit palestinien que de manière oblique pour dénoncer 'l'obsession absurde' des Nations unies contre Israël. 'Le problème le plus urgent auquel nous faisons face concerne le Hezbollah et la Syrie', a-t-il dit.
Au moment où le Conseil de sécurité de l'ONU débat du renouvellement du mandat de la force de paix des Nations unies (Finul), le chef du gouvernement israélien a accusé cette dernière de faillir à sa tâche et de ne pas empêcher le Hezbollah de s'armer face à Israël.
Quant à l'Iran, ennemi déclaré d'Israël et soutien du Hezbollah, il 'est en train de transformer la Syrie en camp retranché', il y construit des usines de production de missiles, et entend se servir de la Syrie et du Liban 'avec l'objectif déclaré d'éradiquer Israël', a-t-il affirmé.
Lutte contre le 'sectarisme'
Le premier ministre israélien a par ailleurs dénoncé les 'tactiques discriminatoires' employées contre Israël à l'Unesco ou au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
M. Guterres a défendu de son côté 'l'impartialité' de l'ONU devant M. Netanyahu. 'Vous mentionnez ceux qui appellent à la destruction de l'Etat d'Israël, c'est une forme moderne d'antisémitisme', avait-il lancé un peu plus tôt au côté du président israélien Reuven Rivlin après s'être rendu à Yad Vashem, mémorial de l'Holocauste à Jérusalem.
'Yad Vashem est là pour nous rappeler que nous devons être en première ligne du combat contre l'antisémitisme, mais aussi du combat contre toutes les formes de sectarisme', a-t-il déclaré. 'Mais vous comprenez aussi que je sois parfois en désaccord avec les positions du gouvernement d'Israël', a-t-il ajouté.
Pas d'alternative
Au cours de sa première visite dans la région, M. Guterres doit être accueilli mardi par le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah en Cisjordanie. Mercredi, il est annoncé dans la bande de Gaza, gouvernement par le mouvement islamiste Hamas.
L'ancien premier ministre portugais devrait prendre la mesure de l'ornière dans laquelle se trouve l'effort de paix. Il a déjà dit qu'il ne voyait 'pas d'alternative' à la solution dite à deux Etats. Or cette solution est remise en doute depuis que le président américain Donald Trump a paru prendre ses distances avec elle en février.
M. Guterres est arrivé à Jérusalem dimanche soir quelques jours après le départ du gendre et haut conseiller de M. Trump, Jared Kushner, à la recherche des moyens de relancer l'effort de paix. M. Kushner a laissé derrière lui Jason Greenblatt, représentant spécial pour les négociations internationales.
MM. Guterres et Greenblatt se sont vus dimanche soir et se sont entretenus du conflit israélo-palestinien et de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, parmi d'autres sujets, a tweeté le diplomate américain. La bande de Gaza est non seulement soumise aux blocus israélien et égyptien, mais aussi aux pressions financières de l'Autorité palestinienne.
/ATS