Environ 5650 migrants sont entrés en Croatie depuis la fermeture de la frontière serbo-hongroise mardi, a déclaré jeudi la police croate. En Allemagne, le nombre des arrivées a plus que doublé mercredi, alors que les divergences au sein de l'UE exaspèrent Berlin.
Jeudi matin, la petite gare de Tovarnik, ville croate proche de la frontière serbe, était envahie par les migrants cherchant à monter dans des trains pour rejoindre Zagreb et poursuivre de là leur voyage vers l'ouest.
Une poignée de volontaires de la Croix-Rouge étaient sur place, distribuant de la nourriture en priorité aux centaines d'enfants et de bébés. 'C'est très dur ici. Il y a tellement de gens. Nous ne savons pas ce qui se passe', témoigne Hassan Cheikh-Hassan, un étudiant en droit syrien de 25 ans.
Trains submergés
'Les trains arrivent mais ils ne peuvent pas prendre tous ces gens', a déclaré un porte-parole. Le ministre de l'Intérieur croate a déclaré que Zagreb pourrait envisager de nouvelles mesures si le nombre de migrants augmentait.
'La police croate contrôle totalement la frontière, mais si les migrants continuent d'arriver de Serbie en grand nombre, nous devrons envisager d'autres moyens de gérer la situation', a dit Ranko Ostojic mercredi soir lors d'une visite dans l'est de la Croatie.
Il n'a pas donné de détails, tout en indiquant que l'UE pourrait devoir mettre en place des centres d'accueil et d'identification avant que les migrants parviennent en territoire croate.
Rencontre avec le chancelier autrichien
La Croatie dit pouvoir gérer un afflux de plusieurs milliers de personnes, mais pas de plusieurs dizaines de milliers. Le Premier ministre croate Zoran Milanovic a rencontré dans ce contexte jeudi son homologue autrichien Werner Faymann.
'Nous nous sommes accordés sur un certain nombre de points', a dit Zoran Milanovic. 'L'Autriche est un pays plus grand, mais ils ont aussi des limites à respecter', a-t-il ajouté.
La clôture, pas une solution
Un grand nombre des migrants entrés en Croatie arrivent de la frontière serbo-hongroise où leur route a été bloquée par la clôture érigée par Budapest.
Des affrontements y ont opposé mercredi des centaines de migrants aux forces de l'ordre qui les empêchaient d'entrer sur le sol hongrois.
Depuis New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait jugé 'inacceptable' le traitement des migrants par la police hongroise. Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a qualifié ses déclarations de 'bizarres et choquantes', soulignant que la police n'avait fait que se défendre face à des migrants 'agressifs'.
La diminution du flux de migrants transitant par la Hongrie pour se rendre vers l'Autriche a permis à la société autrichienne des chemins de fer ÖBB d'annoncer que le trafic serait rétabli vendredi entre les deux pays.
Devoir de protection
Le commissaire européen chargé de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos, a lui relevé jeudi que l'établissement de la clôture par la Hongrie n'était qu'une solution temporaire dont le seul effet est de détourner le flux de migrants vers d'autres pays et vers d'autres routes.
'La majorité de ceux qui arrivent en Europe sont des Syriens qui ont besoin de notre aide', a souligné Dimitris Avramopoulos.
Berlin à bout de patience
En Allemagne, le nombre de réfugiés arrivés mercredi a plus que doublé pour atteindre 7266 personnes, selon la police. 'La plupart ont été recueillis à la frontière austro-allemande', a déclaré une porte-parole. Le nombre de ces réfugiés s'était élevé à 3442 la veille.
La résolution des migrants a mis l'Europe à l'épreuve et Berlin semble à bout de patience face aux divergences au sein de l'UE. Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel et son homologue autrichien avaient demandé l'organisation rapide d'un sommet européen pour s'entendre sur une répartition contraignante de 120'000 réfugiés.
Réunis jeudi en urgence, les eurodéputés ont voté en faveur de cette proposition. Mais la principale difficulté sera de convaincre les pays d'Europe de l'Est opposés à l'accueil massif de réfugiés.
/ATS