L'Armée nationale de libération (ELN), dernière guérilla active en Colombie, a annoncé lundi la reprise de ses opérations militaires à partir de ce vendredi. Elle mettra fin à un mois de cessez-le-feu unilatéral décrété en réponse à l'épidémie de Covid-19.
Dans un communiqué publié sur son site internet, l'organisation accuse le gouvernement du président Ivan Duque de ne pas avoir 'répondu de manière réciproque' au cessez-le-feu annoncé le 30 mars. Elle lui reproche son manque de 'volonté' pour 'reprendre les pourparlers de paix à La Havane'.
L'ELN réclame également le retour de ses négociateurs de paix qui se trouvent à Cuba, 'avec toutes les garanties et conditions de sécurité'.
Aucun contact
Face à la propagation de la pandémie dans le pays, qui compte près de 5400 cas déclarés et 244 morts depuis le 6 mars, l'ELN avait annoncé la suspension de ses opérations pendant tout le mois d'avril et proposé au gouvernement de négocier un cessez-le-feu. Aucun contact avec le commandement de la guérilla n'a été rendu public par le gouvernement pendant cette période.
'Il est clair que nous sommes face à un gouvernement belliqueux, sourd aux appels du pape François et du secrétaire général de l'ONU et aveugle à la tragédie humanitaire dont souffre le peuple colombien', a déploré l'ELN, en référence aux récents appels d'Antonio Guterres et du souverain pontife à un cessez-le-feu sur tous les théâtres de guerre pour mieux lutter contre la pandémie.
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Colombie, Carlos Ruiz Massieu, a souligné dans un communiqué le 'respect significatif' de la trêve et a encouragé l'ELN à 'prolonger son cessez-le-feu'.
Attentat meurtrier
L'ELN, inspirée de la révolution cubaine, est apparue en 1964. Elle compte environ 2300 combattants et est présente dans 10% des 1100 municipalités colombiennes, selon des enquêtes indépendantes.
Après la signature d'un historique accord de paix avec l'ex-guérilla des FARC en 2016, des négociations avaient été entamées avec l'ELN l'année suivante par le précédent gouvernement, d'abord à Quito en Equateur, puis à La Havane.
Mais elles ont été interrompues par M. Duque après un attentat contre l'école de police à Bogota, lors duquel 22 cadets ont été tués en janvier 2019.
Le président colombien a conditionné son retour à la table des négociations à la libération des otages retenus par l'ELN et à la suspension de toutes ses 'activités criminelles'. Le commandement rebelle a toujours refusé, considérant qu'il s'agissait de conditions imposées unilatéralement.
/ATS