Une investigation internationale continue va se pencher sur les violences en Israël et dans les zones palestiniennes, notamment sur les affrontements récents. Elle a été votée jeudi à Genève alors que l'ONU parle de possibles crimes de guerre israéliens.
La résolution, présentée par le Pakistan au nom de plusieurs pays et par la Palestine, a été approuvée par le Conseil des droits de l'homme par 24 Etats contre 9 oppositions et 14 abstentions au terme d'une session spéciale. La Commission d'enquête internationale ne sera pas limitée à un an, comme habituellement pour les mécanismes établis par l'instance onusienne. La présidente du Conseil devra nommer les experts indépendants qui la constitueront.
Selon l'ONU, environ 290 personnes, surtout des Palestiniens à Gaza et plus d'une dizaine d'Israéliens, ont été tuées en onze jours dans les affrontements mi-mai. 'Consternant', a estimé la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet. Des milliers de personnes ont été blessées et des dizaines de milliers ont été déplacées.
Et Mme Bachelet a mentionné de possibles 'crimes de guerre' israéliens dans la bande de Gaza, si les raids aériens récents sont authentifiés comme indiscriminés contre les civils. 'Nous n'avons pas vu de preuve' de présence de groupes armés ou d'action militaire dans les bâtiments visés par Israël, a-t-elle insisté. Elle a aussi dénoncé les attaques du Hamas contre les Israéliens.
La Commission d'enquête internationale indépendante devra évaluer les violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH). Elle sera chargée d'identifier les responsables et de recueillir et préserver des preuves. Les membres de ce mécanisme devront rendre des rapports annuels dès juin de l'année prochaine.
Accusation lancée par Israël
La résolution 'n'a rien à voir avec les droits humains' et ne mentionne pas le Hamas, a déploré l'ambassadrice israélienne à l'ONU à Genève. Elle a accusé le Conseil de 'blanchir' les crimes perpétrés par le groupe radical et d'éviter à l'Autorité palestinienne de prendre 'ses responsabilités'.
De son côté, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riad al-Malki a estimé cette commission indispensable. 'L'inaction de la communauté internationale' a abouti aux bombardements menés par l'armée israélienne, a-t-il dit. Cette commission constitue 'une bonne étape vers la justice pour les Palestiniens', a ensuite renchéri à la presse l'ambassadeur palestinien à l'ONU à Genève.
La discussion de jeudi avait été demandée par une vingtaine de pays membres du Conseil. Symbole de l'importance donnée à la réunion, plus d'une dizaine de ministres des Affaires étrangères se sont exprimés.
Appel répété par Berne
La Suisse a elle répété son appel à des solutions 'crédibles' pour résoudre le conflit. Mais certains membres du Conseil ont redouté que la portée de l'investigation, trop large selon eux, et l'absence d'une limite à un an ne provoquent des dommages dans la région.
Les Etats-Unis, qui ne font pas partie actuellement de l'instance onusienne, ont également 'profondément regretté' le vote de la résolution. 'L'action d'aujourd'hui menace de mettre en danger l'avancée' obtenue avec le cessez-le-feu, affirme la mission américaine à l'ONU à Genève.
Les affrontements de la mi-mai ont démarré après plusieurs semaines de tensions et la répression de manifestations à Jérusalem-Est contre la menace d'éviction forcée de Palestiniens de leurs logements. Selon l'ONU, si celle-ci était validée par la Cour suprême israélienne, elle constituerait une violation du DIH. Mme Bachelet appelle à ne pas expulser ces personnes.
Cette session spéciale était la huitième sur la situation dans les territoires palestiniens. Des investigations ont déjà été menées, la dernière remontant aux attaques israéliennes contre les manifestants à Gaza. La Commission d'enquête avait alors conclu qu'Israël avait perpétré de possibles 'crimes contre l'humanité'. L'Etat hébreu a rejeté par avance toute collaboration avec celle votée jeudi à l'ONU.
/ATS