Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a qualifié vendredi de 'lamentable' la situation au Venezuela. Il a appelé à créer une commission d'enquête internationale et à un engagement accru de la Cour pénale internationale (CPI).
'La situation des droits de l'Homme des Vénézuéliens est lamentable', a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein dans un communiqué. Il a dénoncé la politique de répression des opposants, incluant des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires et la torture avec des violences sexuelles, des simulacres d'exécution et des décharges électriques.
'Quand une boîte de pilules contre l'hypertension coûte plus cher que le salaire minimum mensuel et le lait en poudre pour bébé plus de deux mois de salaire, mais que manifester contre une telle situation peut vous mener en prison, l'injustice extrême de tout cela est flagrante', a-t-il fait valoir.
Ce rapport fait suite à la publication d'un premier rapport accablant du Haut commissaire, publié en août 2017. Le 'recours généralisé et systématique à une force excessive pendant les manifestations, et la détention arbitraire de manifestants et d'opposants politiques présumés' y étaient déjà dénoncés.
Interviews à distance
Les autorités vénézuéliennes ayant refusé l'accès du pays aux experts de l'ONU, M. Zeid a chargé une équipe de spécialistes des droits de l'homme d'interviewer à distance quelque 150 personnes. Parmi elles, se trouvaient des victimes et leurs familles, ainsi que des témoins, des journalistes, des avocats et des médecins.
En conclusion, 'compte tenu de l'ampleur et de la portée des violations', le rapport juge que 'les Etats membres du Conseil des droits de l'Homme devraient créer une commission d'enquête internationale'.
'Etant donné que l'Etat ne semble ni capable ni disposé à poursuivre les auteurs de violations graves des droits de l'Homme, il y a de solides raisons de demander un engagement accru de la Cour pénale internationale', a également souligné le Haut commissaire.
Plus de 12'000 détenus
D'après le rapport, les méthodes pour 'intimider et réprimer l'opposition politique ou toute personne perçue comme étant une menace au gouvernement' se poursuivent. Mais 'ces détentions sont devenues plus sélectives que durant la période des manifestations', visant des activistes, des étudiants, des défenseurs des droits de l'Homme, des travailleurs des médias et des membres des forces armées.
Au moins 12'320 personnes ont été détenues dans le pays entre janvier 2014 et avril 2018, et plus de 7000 d'entre elles ont été libérées avec comme condition de respecter un certain nombre de mesures limitant leurs libertés, pointe le rapport, utilisant des éléments communiqués par des représentants de la société civile. Au moins 570 personnes, dont 35 enfants, ont été détenues depuis août dernier.
/ATS