Le Premier ministre israélien sortant Netanyahu a finalisé jeudi sa coalition gouvernementale. L'alliance va au-devant de la défiance internationale en faisant la part belle à la droite et à un allié nationaliste déterminé à empêcher les Palestiniens d'avoir un Etat.
Les Palestiniens n'ont pas été longs à dénoncer le gouvernement qui s'annonce comme un 'gouvernement d'union pour la guerre et contre la paix', selon les mots d'un de leurs dirigeants, Saëb Erakat.
Peu après, l'ONG contre la colonisation La Paix maintenant annonçait le feu vert des autorités à la construction de 900 logements de colons à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. L'accord, donné mercredi, a été rendu public jeudi, après l'annonce de la coalition de gouvernement.
M. Netanyahu a arraché mercredi soir au forceps un accord avec le parti nationaliste religieux Foyer juif qui a accepté de lui apporter le soutien de ses huit députés. Cette alliance s'est faite juste à temps pour que le président Reuven Rivlin ne charge pas quelqu'un d'autre de former une coalition.
M. Netanyahu ressort de six semaines de négociations avec une majorité minimale de 61 sièges sur 120. Il devrait soumettre son quatrième gouvernement à l'approbation du Parlement lundi.
Davantage à droite
Avec le Foyer juif, deux partis ultra-orthodoxes et le parti de centre droit Koulanou coalisés autour du Likoud, se profile un gouvernement dont le centre de gravité s'est déplacé encore plus à droite que le précédent. C'est aussi un gouvernement dans lequel le chef du Foyer juif, Naftali Bennett, a taillé pour son parti une place prépondérante et inespérée il y a seulement quelques jours.
Appelé à devenir ministre de l'Education après avoir été celui de l'Economie, M. Bennett s'oppose à la création d'un Etat palestinien. Il est l'ancien chef du conseil représentatif des colons.
Pour les spécialistes, ce gouvernement pourrait ne pas durer longtemps. Soit parce qu'il succomberait à une crise. Soit parce que M. Netanyahu, comme de nombreux commentateurs lui en prêtent l'intention, essaierait d'élargir sa coalition et peut-être même tenterait de former un gouvernement d'union avec la gauche.
Mais, à supposer que dure le nouveau gouvernement, 'il sera plus difficile pour les amis d'Israël en Europe et les amis d'Israël au sein du parti démocrate aux Etats-Unis de soutenir Israël parce que, pour eux, la colonisation est indéfendable', dit l'analyste Jonathan Rynhold. Or M. Bennett, fort de l'importance prise par son parti, risque de parler fort en faveur des colons, dit-il.
/ATS