La Commission européenne a déploré lundi sans détour le peu de progrès accompli par la Turquie pour tenter d'endiguer le flux sans précédent des migrants vers l'Europe. IL est encore 'beaucoup trop élevé', a estimé son vice-président Frans Timmermans.
Lors d'une visite à Ankara, il a évalué entre 2000 et 3000 le nombre de personnes qui réussissent encore à débarquer chaque jour sur les îles grecques, malgré les très mauvaises conditions météo hivernales. C'est 'beaucoup trop élevé', a jugé M. Timmermans devant la presse après une rencontre avec le ministre turc des Affaires européennes Volkan Bozkir, 'nous ne pouvons pas nous en satisfaire'.
M. Bozkir a répondu à la frustration européenne en soulignant les 'intenses efforts' déployés par son pays. 'Nous capturons quotidiennement 500 candidats à l'immigration clandestine', a-t-il affirmé, soit selon lui le double de ce qui était enregistré l'an dernier avant l'accord avec Bruxelles.
Permis de travail
'Nous allons essayer de réduire la pression de l'immigration illégale en donnant aux Syriens de Turquie des permis de travail', a également lancé M. Bozkir. Cette mesure a été plusieurs fois évoquée par la Turquie sans jamais se concrétiser. De nombreux Turcs y sont hostiles. Ils redoutent que les réfugiés syriens employés à vil prix contraignent les moins qualifiés d'entre eux au chômage.
Entre autres mesures, le gouvernement d'Ankara impose également depuis vendredi des restrictions à la délivrance de visas pour les Syriens entrant sur son sol par avion ou par voie maritime. Cette mesure ne concerne pas les réfugiés arrivés par voie terrestre.
M. Timmermans s'est dit 'encouragé' par ces décisions. Il a plaidé pour 'accélérer' la coopération avant le prochain Conseil européen mi-février.
Ankara et Bruxelles ont signé fin novembre un 'plan d'action' qui prévoit une aide européenne de 3 milliards d'euros aux autorités turques. Pour ce montant, elles doivent mieux contrôler leurs frontières et lutter contre les passeurs pour endiguer le flux des migrants qui traversent la mer Egée pour s'installer en Europe.
Manque d'effets
Mais cet accord tarde à produire ses premiers effets, ainsi que l'illustrent les naufrages qui continuent à se produire au large des côtes turques. Rien que la semaine dernière, au moins 36 migrants sont morts noyés au large des plages de l'ouest du pays. Les corps de trois autres, deux femmes et un enfant de 5 ans, ont été encore repêchés lundi au large de l'île de Lesbos, selon les médias turcs.
La Turquie, qui accueille à elle seule 2,2 millions de Syriens et 300'000 Irakiens qui ont fui leur pays en guerre, est devenue l'un des principaux points de départ des migrants qui veulent s'installer en Europe. Selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), plus d'un million de migrants sont entrés dans l'UE en 2015, dont près de 850'000 en traversant la mer Egée. Environ 800 d'entre eux sont morts ou ont été portés disparus l'an dernier.
/ATS