Après son séjour en Thaïlande, le pape François a atterri samedi à Tokyo pour une visite de quatre jours au Japon. Il a promis de se faire dimanche l'avocat du désarmement nucléaire depuis Nagasaki et Hiroshima, villes martyres de la bombe atomique.
'Sous peu je visiterai Nagasaki et Hiroshima où je prierai pour les victimes du bombardement affreux de ces deux villes et je me ferai l'écho de vos propres appels prophétiques pour le désarmement nucléaire', a promis le pape argentin dans un discours, juste après son arrivée. Il s'est exprimé devant des évêques à la nonciature apostolique de Tokyo, la représentation du Vatican au Japon.
Agé de 82 ans, le souverain pontife a déjà maintes fois exprimé sa fascination pour le Japon. Il souhaitait s'y rendre en tant que missionnaire dans sa jeunesse, un projet auquel il avait dû renoncer après une opération à un poumon.
'Depuis ma jeunesse j'éprouvais de la sympathie et de l'affection pour ce pays. Beaucoup d'années se sont écoulées depuis cette impulsion missionnaire dont la réalisation s'est fait attendre', a-t-il rappelé samedi.
Eglise 'modeste'
Il a atterri en fin d'après-midi à l'aéroport de Tokyo-Haneda, sous la pluie et des bourrasques de vent. Le temps fort de son séjour sera une journée marathon dimanche à Nagasaki (sud-ouest) puis Hiroshima (ouest), où il y a 74 ans des bombes atomiques américaines firent respectivement 74'000 morts et 140'000 morts.
François est le premier pape à se rendre au Japon depuis Jean Paul II en 1981. A peine 440'000 Japonais sont de confession catholique, sur une population totale de 126 millions d'habitants.
Les deux principales religions, le shinto et le bouddhisme, s'entremêlent dans la vie des Japonais selon les circonstances. De la même façon, beaucoup de Japonais adoptent aussi des éléments chrétiens, en célébrant par exemple Noël ou en se mariant dans une chapelle sans motif religieux.
'Nous savons que l'Eglise au Japon est modeste et que les catholiques sont une minorité. Mais cela ne doit pas diminuer la valeur de votre engagement pour une évangélisation', a lancé devant ses évêques le chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde.
Hommage aux 'chrétiens cachés'
Le christianisme a été introduit au Japon avec l'arrivée des premiers missionnaires catholiques en 1549. Mais cette religion a été interdite quelques décennies plus tard et les chrétiens ont été impitoyablement persécutés, torturés et exécutés s'ils n'abjuraient pas leur foi.
Le pays s'est isolé du reste du monde du début du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe. Quand des missionnaires sont revenus au Japon à cette époque, ils ont découvert avec surprise l'existence de 'chrétiens cachés', des dizaines de milliers de convertis japonais qui pendant plus de 250 ans avaient gardé en secret leur foi catholique en la brassant avec la culture et des rites nippons.
François devrait aussi rendre hommage dimanche à Nagasaki à ces 'chrétiens cachés' ('kakure kirishitan' en japonais).
'On ne peut pas oublier la bombe'
Le pape fera ensuite étape à Hiroshima dimanche, avec un discours devant le Mémorial de la Paix, près du lieu où la première bombe atomique fut larguée par l'aviation américaine le 6 août 1945.
Le père Yoshio Kajiyama, directeur du centre social jésuite de Tokyo, né à Hiroshima il y a 64 ans, attend avec impatience les discours du pape sur l'abandon des armes atomiques. 'Je n'ai jamais connu mon grand-père qui est mort le jour de la bombe', a-t-il confié. 'Quand on grandit à Hiroshima on ne peut pas oublier la bombe'.
Le pape François doit par ailleurs rencontrer lundi à Tokyo des victimes du triple désastre du 11 mars 2011 au Japon: le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Thaïlande: message contre la prostitution
En Thaïlande, où il vient de passer quatre jours, sa visite a été axée sur le dialogue interreligieux dans ce pays à majorité bouddhiste, où là aussi les catholiques sont très minoritaires.
Accompagné tout au long de son séjour par sa cousine missionnaire en Thaïlande depuis plus de 50 ans, le pape a aussi appelé au respect des 'enfants et des femmes exposés à la prostitution', un message fort dans une région où l'exploitation sexuelle, notamment des plus jeunes, est encore très répandue.
Cette tournée asiatique est le 32e déplacement à l'étranger du pape François.
/ATS