Le Mexique vote dimanche pour un scrutin législatif et régional, premier grand test pour le président Enrique Peña Nieto. La campagne électorale a été marquée par des meurtres de candidats et une mobilisation musclée d'enseignants cherchant à troubler le vote.
Des membres d'un syndicat enseignant radical opposé à une réforme de l'éducation du président ont mené des actions tous les jours de la semaine dans le sud déshérité du pays. Ils ont saccagé des bureaux électoraux et attaqué des locaux du parti au pouvoir.
Malgré la sérénité affichée par les autorités, la journée de dimanche constitue l'épreuve du feu pour Enrique Peña Nieto qui a promis un 'Mexique en paix' lorsque son Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) a repris les rênes du pouvoir après douze ans dans l'opposition.
Les enquêtes d'opinion évoquent une victoire du PRI. Il ne remporterait toutefois qu'une majorité simple à l'Assemblée.
Quelque 83 millions de Mexicains sont appelés à désigner 500 députés fédéraux et neuf gouverneurs, dont ceux du Michoacan (ouest) et Guerrero (sud), parmi les Etats les plus violents du pays. Ils doivent aussi choisir 900 conseils municipaux.
Alors que l'économie de la deuxième puissance latino-américaine ne décolle toujours pas, la disparition de 43 jeunes étudiants fin 2014 a braqué les projecteurs sur les problèmes de violence, de corruption et de pauvreté au Mexique. Ces thèmes ont alimenté une campagne traumatisante, principalement dans le sud du pays.
Incidents violents
'Cela a été la campagne la plus difficile et la plus déstabilisée, avec le plus de meurtres de membres d'équipes de campagne et de candidats', a indiqué Javier Oliva, expert en sécurité à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM). Quatre postulants à des charges électives ont été abattus depuis mars.
Un décompte réalisé par le journal Reforma évoque plus de 70 incidents violents au cours de la campagne, comprenant 19 homicides, des enlèvements et des menaces. Certains de ces faits portent le sceau du crime organisé, mais le gouvernement assure ne pas déceler d'indices laissant craindre que les cartels s'immiscent dans la journée électorale.
Obstruction des enseignants
Pour les autorités, la première menace pesant sur la journée est le plan d'obstruction au scrutin lancé par les enseignants. Ceux-ci ont déjà investi onze bureaux électoraux dans l'Etat de Oaxaca et brûlé plus de 100'000 bulletins de vote.
'La journée électorale est très fragile', a averti Javier Oliva. Mais 'il faut relativiser la situation. Quelque 148'000 urnes seront installées dans le pays, dont 5000 courront un risque notable'.
La principale revendication des enseignants concerne l'abandon d'une réforme de l'éducation. Elle prévoyait notamment, avant que la mesure ne soit retirée, des examens d'évaluation des professeurs.
Candidats indépendants
Ce rendez-vous électoral survient par ailleurs dans un contexte de défiance grandissante envers les partis politiques traditionnels et de scandales comme la révélation d'achat de résidences par le couple présidentiel à des entreprises en contrat avec l'Etat. Ce climat a favorisé l'apparition de candidats indépendants, une nouveauté de ce scrutin.
Ainsi, Jaime Rodriguez, alias 'El Bronco' brigue la tête de l'Etat industriel du Nuevo Leon (nord). Il s'est lancé comme indépendant après avoir échoué à remporter l'investiture du PRI, dont il est membre depuis trente ans. Il a été un des grands animateurs de la campagne avec son franc-parler et sa dénonciation de la corruption.
Les analystes politiques ont toutefois regretté la pauvreté des propositions formulées durant cette campagne. Celle-ci n'a pas suscité grand intérêt chez les électeurs.
/ATS