Les eurodéputés ont approuvé jeudi la procédure de la Commission européenne visant à sanctionner les réformes du système judiciaire et l'étroit contrôle des médias en Pologne. Bruxelles considère ces mesures comme une violation de l'Etat de droit.
Bruxelles a lancé une procédure sur la base de l'article 7 du Traité de Lisbonne qui pourrait en théorie déboucher sur une suspension des droits de vote de Varsovie au sein du Conseil européen, à moins que la Pologne revienne sur sa décision avant le 20 mars prochain.
La proposition de la Commission a été adoptée par 422 voix pour et 147 contre au Parlement européen. Quarante-huit députés se sont abstenus. Cette décision, qui requiert l'unanimité des autres Etats membres, sera cependant difficile à appliquer car le premier ministre hongrois Viktor Orban a fait savoir qu'il s'y opposerait.
Le parti conservateur Droit et Justice (PiS), au pouvoir à Varsovie, juge ces réformes nécessaires pour en finir avec un système corrompu et améliorer l'efficacité de la justice.
Mais le nouveau premier ministre polonais Mateusz Morawi, qui a remplacé Beata Szydlo en décembre, cherche à apaiser les tensions avec le bloc communautaire. Il doit rencontrer le 8 mars prochain le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Loi sur la Shoah en vigueur
Marquant un peu plus l'isolation de la Pologne sur la scène internationale, la nouvelle loi sur l'Holocauste est par ailleurs entrée en vigueur jeudi, malgré les protestations d'Israël et des Etats-Unis.
La nouvelle législation prévoit des peines allant jusqu'à 3 ans de prison pour ceux qui feraient mention du terme 'camps de la mort polonais' et quiconque laisserait entendre 'publiquement et en dépit des faits' que la nation ou l'Etat polonais ont été complices des crimes de guerre de l'Allemagne nazie.
Des responsables israéliens et polonais se sont rencontrés à ce propos jeudi à Jérusalem pour tenter de surmonter les tensions.
'Nous devons nous assurer que les vérités historiques sont préservées', a dit le directeur général du ministère des affaires étrangères Yuval Rotem, à la tête de la délégation israélienne.
'Préserver la mémoire de l'Holocauste dépasse les relations bilatérales. C'est une question fondamentale touchant à l'essence du peuple juif', a-t-il dit devant la presse avant des discussions avec la délégation polonaise conduite par le vice-ministre des affaires étrangères Bartosz Cichocki.
Regain d'antisémitisme
M. Rotem a dit son intention d'exprimer aussi l'inquiétude israélienne devant 'l'augmentation des manifestations d'antisémitisme' observée récemment en Pologne, tout en soulignant que les dirigeants polonais les avaient condamnées.
Pour sa part, M. Cichocki a assuré que son pays était 'résolu à (se) joindre à Israël dans l'effort destiné à promouvoir la vérité sur l'Holocauste, et les relations centenaires entre Polonais et juifs'.
'Nous sommes ouverts et prêts à répondre à toutes les questions', a-t-il ajouté.
/ATS