Les forces arabo-kurdes soutenues par les Etats-Unis ont poursuivi leur progression dimanche à Raqqa. Elles ont pénétré pour la première fois par le sud du fief de l'Etat islamique en Syrie, en traversant l'Euphrate, selon une ONG.
Les forces démocratiques syriennes (FDS) se sont emparées du marché d'Al-Hal, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui suit la guerre en Syrie quotidiennement en s'appuyant sur un réseau de sources locales. 'Le marché est entièrement sous le contrôle des FDS, mais l'EI menace de contre-attaquer', a ajouté l'ONG.
La coalition arabo-kurde a également regagné en partie le terrain perdu vendredi lors d'une contre-attaque des djihadistes. Dimanche, les FDS avaient repris environ 70% du quartier d'al-Senaa, dans l'est de la capitale autoproclamée du groupe islamiste sunnite, selon l'OSDH.
Al-Senaa revêt une importance stratégique à la fois pour l'EI et les FDS, car le secteur est situé aux portes du centre-ville, où se trouvent les principales fortifications des djihadistes.
Renforts arabo-kurdes
'Nos forces sont à quelque 100 mètres de la porte de Bagdad', a affirmé le porte-parole des forces d'élite syriennes (FES), en référence à l'entrée de la vieille ville de Raqqa. Les FES, un bataillon de combattants arabes soutenus par les Etats-Unis, ne font pas partie des FDS, mais se battent contre les djihadistes à leurs côtés.
Face à la farouche résistance de l'EI, les forces démocratiques syriennes ont décidé de déployer dimanche un millier d'hommes supplémentaires sur les lignes de front à Raqqa. Ces renforts ont été envoyés dans l'est et l'ouest de la ville.
Tard dans la soirée, onze civils dont quatre femmes et cinq enfants ont été tués par des frappes de la coalition sur le secteur occidental de Raqqa, selon l'OSDH. Le bilan des morts civils à la suite de raids de la coalition s'élève donc à plus de 200 depuis l'entrée des FDS dans Raqqa le 6 juin, ajoute l'ONG.
Elle indique que 'des dizaines' de combattants des FDS ont été tués à Raqqa durant la même période, dont 36 la semaine passée. Selon la coalition internationale, quelque 2500 combattants de l'EI sont présents dans la ville et près de 100'000 civils y sont 'pris au piège', affirme l'ONU.
Trève dans le sud
De son côté, l'armée syrienne a annoncé la suspension de ses opérations de combat jusqu'à jeudi dans le sud du pays, y compris dans la province de Kouneïtra où l'armée israélienne a tiré récemment contre certains de ses avant-postes, selon un communiqué lu à la télévision nationale.
Le commandement général des forces armées annonce que le cessez-le-feu, entré en vigueur dimanche à la mi-journée vise à favoriser les 'efforts de réconciliation'. Il s'agit de la deuxième trêve unilatérale de ce genre en 15 jours.
Un porte-parole du 'Front Sud' de l'Armée syrienne libre (ASL) a émis des doutes quant à la volonté de l'armée syrienne et de ses alliés de suspendre leurs attaques dans plusieurs endroits d'importance. 'L'ASL se méfie fortement des intentions du régime concernant le cessez-le-feu. Les choses se passeront comme lors du précédent', a dit le porte-parole, Issam al Raïes.
Le 17 juin, l'armée avait annoncé un cessez-le-feu qui n'avait concerné que la ville de Deraa, dans le sud de la Syrie, le long de la frontière avec Israël.
Avertissement
Le régime syrien a aussi mis en garde les Etats-Unis contre toute nouvelle attaque américaine contre ses positions. En cas de nouvelles agressions des Etats-Unis en Syrie, Damas et ses alliés pourraient riposter, a indiqué Fayçal Moqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères.
En avril dernier, une attaque chimique, démentie par Damas, avait poussé Washington à lancer 59 missiles de croisière contre une base militaire syrienne, soit la première attaque étasunienne contre le régime depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. Le régime et son allié russe avaient condamné l'attaque américaine, mais n'avaient pas riposté militairement.
Il y a une semaine, les Etats-Unis ont accusé Damas de préparer une nouvelle attaque chimique après celle d'avril à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie, imputée par Washington au régime Assad.
/ATS