Le Front national (FN) a toutes les peines à financer sa campagne en vue de la présidentielle de l'an prochain en France. Le parti de Marine Le Pen se heurte au refus des banques en France et en Europe, sur fond de possible accointance avec Moscou.
Le FN a besoin de 27 millions d'euros (environ 29 millions de francs) non seulement pour la présidentielle mais aussi pour les législatives. Or le FN n'a pas encore réussi à engranger cet argent, a confirmé jeudi le secrétaire général du FN Nicolas Bay.
Ce dernier a précisé que le parti d'extrême droite continuait à essayer d'obtenir un prêt 'auprès de l'ensemble des établissements bancaires français, européens et partout dans le monde'. 'On n'exclut rien, on a lancé un certain nombre de pistes', dit-il.
Il a également démenti sur les ondes d'Europe 1 un éventuel accord entre la Russie et le FN pour un prêt de ce montant en échange de la reconnaissance de l'appartenance de la Crimée à la Russie, ceci en cas de victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle.
Interrogée par Reuters, la candidate de l'extrême droite a également réfuté cette information publiée la veille par le Canard enchaîné. L'entourage de Marine Le Pen l'a qualifiée 'd'élucubration'.
'Scandale'
Comme l'avait déjà fait Marine Le Pen cet automne, Nicolas Bay dénonce le 'scandale' de 'voir les banques françaises ne pas jouer le jeu de la démocratie' en refusant tout financement au FN. 'Cela pose un vrai problème de discrimination fondée sur des opinions politiques, ce qui est interdit pas la loi' alors 'qu'un certain nombre d'autres candidats obtiennent des facilités bancaires', selon lui.
En novembre 2014, le FN avait obtenu un prêt de 9 millions d'euros auprès d'une banque russe réputée proche du Kremlin, ce que la présidente du Front national avait justifié par le refus des établissements français de lui consentir la moindre avance.
D'après l'hebdomadaire L'Obs, le parti ne pourra pas de nouveau se tourner vers la First Czech Russian Bank (FCRB) car celle-ci s'est vue retirer sa licence par la banque centrale de Russie à cause de son manque de capital.
Enquête américaine
A en croire le Canard enchaîné, Washington s'inquiète des possibles largesses de Vladimir Poutine pour la campagne présidentielle de Marine Le Pen, qui soutient la politique étrangère russe en Ukraine et au Moyen-Orient. En 2015, la dirigeante avait été chaleureusement accueillie à la Douma, la chambre basse du parlement russe.
L'hebdomadaire satirique se fonde sur la lettre d'un parlementaire républicain, membre du Comité permanent sur le renseignement, qui demande au coordinateur du renseignement américain d'enquêter sur de possibles liens financiers entre le FN et Moscou.
Rappelant le prêt de novembre 2014, Mike Turner croit savoir que Marine Le Pen a demandé en février une avance de 30 millions de dollars à la Russie. 'En cas de victoire, Marine Le Pen reconnaîtra la Crimée comme faisant partie du territoire de la Russie', précise-t-il.
'C'est complètement farfelu. Nous n'avons pas sollicité de prêt auprès d'une banque russe', a martelé à Reuters le trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, sans préciser si des discussions avaient lieu avec d'autres banques étrangères, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni notamment.
Concession à son père
Dans le journal Le Parisien de jeudi, un membre de l'entourage de Marine Le Pen n'exclut pas qu'en cas d'échec auprès des banques, le FN se tourne vers la Cotelec, l'association de financement de Jean-Marie Le Pen qui prête traditionnellement de l'argent au parti.
Fâchée avec son père, qu'elle a fait exclure du parti pour ses propos réitérés sur les chambres à gaz, la candidate voudrait éviter de le solliciter. 'Mais faute de mieux, ce sera quand même le plan B', affirme ce proche.
/ATS