Annulée en 2016 après une série d'attentats islamistes en France, la Braderie de Lille fait son retour samedi et dimanche sous haute sécurité. Une occasion pour rompre avec le gigantisme et renouer avec l'esprit originel du plus grand marché aux puces d'Europe.
'Moins de vie' pour les uns, une fête qui retrouve 'son âme' pour d'autres. Si nombre d'habitués de la Grande braderie de Lille étaient un peu moroses samedi, les visiteurs étaient au rendez-vous, jeunes et vieux, en bande ou en couple, Français et Néerlandais, Belges et Anglais mêlés en un joyeux brassage dont la braderie s'est fait une spécialité.
'C'est la tradition! Je viens à la braderie depuis toujours, c'est une parenthèse entre les vacances et la rentrée', confie Nathalie, psychologue de 56 ans, venue profiter des prix bas avec son fils Arthur. 'Je suis très fière de ma ville' qui renoue avec la fête, ajoute-t-elle. 'Même si, on ne va pas se mentir, on est tous parasités par cette menace d'attentat'.
Sécurité renforcée
Visiteurs chinant au gré de stands surchargés, familles motivés pour vendre jusque dans la nuit tandis que les fêtards ripaillent de moules-frites arrosées de bière: tous doivent se plier cette année à des mesures de sécurité drastiques.
Entre la surveillance des stations de métro, des gares jusqu'à Bruxelles, des axes routiers et fluviaux d'une part, et les contrôles et les fouilles aléatoires dans et autour du périmètre fermé de la braderie d'autre part, ce sont 3600 policiers, gendarmes et douaniers qui sont mobilisés.
Deux risques majeurs ont été identifiés : l'attentat à la voiture-bélier, comme à Nice et Barcelone, et les mouvements de foule meurtriers nés d'une fausse alerte. Pour prévenir le premier, la ville a investi 150'000 euros (155'470 francs) dans un millier de blocs de béton de 500 kg à deux tonnes qui seront disposés sur les points d'accès au périmètre.
Pour se prémunir du second, le préfet a interdit l'usage et la vente de pétards. Et 630 policiers municipaux patrouilleront pour rassurer les visiteurs.
'Pas fliquer'
La maire socialiste de Lille, dans le nord de la France, Martine Aubry, le reconnaît : 'Nous ne chercherons pas à battre des records'. Les 2,5 millions de visiteurs de l'édition 2015 de cette tradition multiséculaire ne seraient pas atteignables... ni même désirés.
'Sécuriser sans étouffer la fête : il ne s'agit pas de fliquer la braderie', explique Didier Perroudon, directeur de la sûreté départementale.
Pourtant l'appel à la vigilance de Martine Aubry donne la mesure de la tension précédant cette édition 2017: 'Il faut y aller le coeur léger', certes, mais aussi 'que chacun regarde autour de soi, et appelle le numéro vert spécialement prévu s'il voit quelque chose de suspect'.
'Esprit bradeur'
'Il y a beaucoup moins de monde, normalement à cette heure-ci on commence à avoir du mal à circuler', témoigne Antoine, architecte de 28 ans, en finissant d'installer des jeans d'occasion sur son stand. 'Mais cette nouvelle formule est plus lilloise et conviviale', commente dans la foule Vanina, dentiste de 42 ans qui tient un stand un peu isolé.
Les organisateurs, eux, mettent en avant le bénéfice que représente, paradoxalement, la nécessité sécuritaire: le retour d'un 'esprit bradeux' en voie de disparition lors des précédentes années.
La réduction de 10% du périmètre, l'interdiction des commerçants ambulants ainsi que la création d'une braderie pour les enfants le dimanche doivent ainsi à leurs yeux contribuer à rendre son échelle humaine à l'événement.
/ATS