Le cadavre du chef historique de la guérilla maoïste du Sentier lumineux, Abimael Guzman, décédé en prison le 11 septembre, a été incinéré, a annoncé vendredi le ministère péruvien de l'Intérieur.
'La crémation du corps de Manuel Rubén Abimael Guzman Reinoso a commencé aujourd'hui 24 septembre à 03h20 (10h20 suisses) à l'hôpital Centro Médico Naval de Callao, pour se terminer à 05h30 (12h30 suisses)', a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
La destination des cendres de l'ancien chef rebelle n'a pas été communiquée par le gouvernement de gauche du président Pedro Castillo.
Depuis le décès de l'ancien chef rebelle à l'âge de 86 ans d'une pneumonie bilatérale, son corps se trouvait dans une morgue du port de Callao, à l'ouest de Lima.
Quelques heures avant la crémation, le corps avait été transféré sous haute surveillance jusqu'à l'hôpital militaire où il a été incinéré par trois personnes habillées en combinaison de biosécurité, selon des images diffusées par le ministère de l'Intérieur.
'Aujourd'hui, plus que jamais, nous rappelons la mémoire des milliers de Péruviens morts aux mains de la terreur', a déclaré sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Juan Carrasco, qui a assisté à la crémation avec son homologue de la Justice. Le Pérou célèbre vendredi le jour de l'armée.
Abimael Guzman, incarcéré depuis 1992, purgeait une peine de prison à perpétuité à la suite de deux condamnations en 2006 et 2018. Il avait été hospitalisé en juillet.
Le parquet avait rejeté une demande de sa veuve, Elena Yparraguirre, ancienne numéro 2 du Sentier lumineux, également emprisonnée à perpétuité pour terrorisme, pour que le corps lui soit remis et puisse être enterré.
Crainte de pèlerinages
Le parquet a invoqué des raisons de sécurité nationale pour incinérer le cadavre, craignant qu'une tombe ne devienne un lieu de pèlerinage pour les partisans et proches du dirigeant maoïste.
Face au vide juridique posé par cette affaire, une loi a finalement été votée par le Parlement, dominé par une coalition de droite, pour autoriser la crémation du cadavre par l'État.
Peru Livre, le petit parti marxiste-léniniste de Pedro Castillo, un instituteur syndicaliste qui a remporté, à la surprise générale, l'élection présidentielle en juin, a voté contre.
L'ancien rebelle maoïste et ses lieutenants avaient été arrêtés à Lima en 1992 sous la présidence d'Alberto Fujimori (1990-2000) qui avait lancé une féroce répression contre le mouvement.
L'ancien professeur de philosophie portait la responsabilité d'un des conflits les plus sanglants d'Amérique latine, qui a secoué le Pérou entre 1980 et 2000, et fait des dizaines de milliers de morts et de disparus, selon la Commission vérité et réconciliation (CVR).
La cruauté de son mouvement lui avait valu le surnom de 'Pol Pot des Andes', en référence au dirigeant khmer rouge du Cambodge.
/ATS