Des milliers de personnes ont manifesté mercredi dans tout le Venezuela à l'appel de l'opposition. Ils réclament un référendum pour révoquer le président socialiste Nicolas Maduro, dans un climat de crise économique.
Confrontés à des coupures électriques quotidiennes, lassés des rayons vides des supermarchés, désabusés face à des services publics ouverts seulement deux jours par semaine, les habitants du pays sud-américain expriment depuis des mois leur mécontentement.
Brandissant des drapeaux ou portant des casquettes aux couleurs du Venezuela - rouge, jaune et bleu - des milliers d'entre eux ont défilé mercredi en direction des bureaux du Conseil national électoral (CNE) dans chaque région. L'opération a été organisée par la Table pour l'unité démocratique (MUD), coalition majoritaire au Parlement.
A Caracas et dans d'autres régions, comme à Zulia (nord-ouest), les forces de l'ordre ont bloqué des rues pour empêcher le passage des manifestants, ont constaté des journalistes de l'AFP. 'Même si on nous a empêchés de passer, le référendum va aller de l'avant parce qu'on n'en peut plus de cette situation', a déclaré dans la manifestation de Caracas Mariela Olivar, une étudiante.
Changement demandé
'Je suis fonctionnaire', pouvait-on lire sur le panneau que portait Roger Sierra sur la poitrine. Il a protesté 'en pensant à l'avenir du Venezuela'. 'Nous avons besoin d'un changement', a-t-il affirmé tout en assurant ne pas craindre de représailles du gouvernement.
Entouré de sympathisants, le président de l'Assemblée nationale Henry Ramos Allup a expliqué que la mobilisation visait à 'faire respecter sans délai la volonté populaire'.
Le CNE, réputé proche du gouvernement, vérifie actuellement les près de deux millions de signatures remises par l'opposition en faveur de ce référendum. Il est accusé par l'opposition de retarder le processus.
Il avait jusqu'à lundi pour compter ces signatures et constater officiellement que leur nombre dépasse le minimum requis de 200'000 (1% de l'électorat), avant d'appeler les signataires à valider leur choix en personne.
'Nous demandons une réponse du CNE', a affirmé de son côté l'un des chefs de l'opposition, Henrique Capriles, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013. Il défend 'une mobilisation pacifique, constitutionnelle, démocratique'.
'Le peuple veut un changement et leurs magouilles ne font que renforcer notre détermination', a assuré Henrique Capriles, lui-même touché par les gaz lacrymogènes.
Alors que le Venezuela, autrefois riche producteur pétrolier, a vu son économie dévastée par la chute des cours du brut, les habitants concentrent leur exaspération sur leur président, élu en 2013 pour un mandat de six ans. Quelque 68% d'entre eux souhaitent son départ et l'organisation de nouvelles élections, selon un récent sondage.
'Fraudes'
Le gouvernement a dénoncé l'existence de 'fraudes' sur la liste des signatures. Il a prévenu qu'il demanderait au CNE d'arrêter le processus si des actes de violence ou de désordre survenaient. Il avait appelé ses partisans à défiler également mercredi contre une loi sur le logement votée au Parlement.
'Aucune des stratégies annoncées ou lancées par la droite oligarchique et fasciste n'a de viabilité politique, ni ne va atteindre son objectif de révoquer ou renverser la révolution bolivarienne', a lancé le président Nicolas Maduro. Il a été élu après la mort de son mentor Hugo Chavez.
Signe de la tension existante, une foule a pillé mercredi un marché de gros dans la ville de Maracay (ouest), après avoir attendu en vain la vente de produits subventionnés par l'Etat.
Opération policière
Ces protestations surviennent alors qu'une vaste opération policière et militaire est en cours depuis mardi à Caracas et sa banlieue. Des centaines d'effectifs sont mobilisés pour lutter contre la délinquance.
Neuf personnes ont été abattues, des membres de bandes criminelles selon l'armée. Elles faisaient partie d'après le président Nicolas Maduro d'une organisation 'paramilitaire' dirigée par des criminels colombiens cherchant à le déstabiliser.
/ATS