Le quadruple assassin de Rupperswil (AG) écope d'une peine de prison à perpétuité, assortie d'un internement simple. Le Tribunal de district de Lenzburg (AG) l'a reconnu vendredi coupable d'assassinats et d'acte d'ordre sexuel avec enfant, notamment.
La Cour a retenu tous les chefs d'accusation requis par le Ministère public: assassinats, extorsion de fonds, séquestration, prise d'otages, acte d'ordre sexuel avec enfant, contrainte sexuelle, incendie intentionnel, pornographie, faux dans les titres, actes préparatoires et d'autres délits.
Thérapie
L'internement est prononcé en raison de la gravité des faits, du risque de récidive, ainsi que des troubles psychiques et de la pédophilie qui ont incité le prévenu à commettre son crime. A travers cette mesure, le meurtrier ne pourra pas demander sa libération conditionnelle après 15 ans. Ce n'est qu'après une vingtaine d'années de réclusion que son internement sera réévalué régulièrement.
L'accusé âgé de 34 ans devra suivre une thérapie ambulatoire en milieu carcéral. Il devra aussi verser aux proches des victimes quelque 700'000 francs d'indemnités et de réparation pour tort moral. Ce versement sera sans doute largement couvert par l'Aide aux victimes, le prévenu n'en ayant pas les moyens. Les 525'000 francs de procédure sont également à la charge du trentenaire.
Pas d'internement à vie
Le tribunal n'a pas suivi la procureure au sujet de la mesure d'internement. Le Ministère public demandait l'internement à vie. Selon les deux experts auditionnés lors du procès, l'accusé peut être soigné à long terme, invoque le président. La condition légale pour un internement à vie - une impossibilité durable de traitement - n'est donc pas remplie.
La majorité des cinq juges s'est ainsi prononcée pour un internement simple. La procureure s'est dite satisfaite du jugement tout en rappelant la nécessité de faire en sorte que l'assassin ne soit 'plus jamais remis en liberté'. Elle décidera de faire ou non appel en ce sens, une fois reçu et analysé les considérants écrits du jugement.
Selon la procureure, le prévenu ne peut pas être soigné pour le crime commis. Elle estime que ses troubles n'étaient pas la cause principale de ses actes. A sa sortie, l'avocat des proches des victimes s'est dit 'très soulagé' par l'internement simple. Les personnes ainsi sanctionnées ne recouvrent que très rarement la liberté au cours de leur vie restante, rappelle-t-il.
'Dur verdict', selon la défense
La défense avait, elle, demandé que la peine de prison ne dépasse pas 18 ans et que l'accusé ne soit pas interné. Le président du tribunal a justifié la peine à perpétuité par la gravité des faits et leur multiplicité.
Il s'agit d'un 'dur verdict', commente l'avocate du meurtrier, commise d'office. L'internement est 'difficile à comprendre' pour son client. Les considérants écrits seront analysés pour savoir s'il y a lieu de faire appel devant la Cour suprême argovienne. Et d'ajouter cependant: 'mon client est heureux de pouvoir suivre une thérapie qui lui a été refusée jusque-là (par les autorités).'
'Autoroute de l'horreur'
L'accusé, qui n'avait jamais commis de crime auparavant, 'a pris l'autoroute de l'horreur', a déclaré le président du tribunal lors de l'énoncé du jugement. Il a exécuté le schéma qu'il avait en tête. L'abus sexuel sur la plus jeune victime, un adolescent de 13 ans, l'assassinat de quatre personnes et l'incendie criminel en faisaient partie. Tout comme l'extorsion de fonds qui devait servir à financer un train de vie bâti sur le mensonge.
Le prévenu a agi 'de sang-froid, de manière primitive, sans pitié ni empathie' et 'par pur égoïsme', a déclaré le juge. Les victimes ont été 'massacrées' sans aucun scrupule, 'de manière déterminée et conséquente'. Après son crime, l'attitude de l'assassin est restée empreinte de froideur et de maîtrise de soi.
Quatre personnes égorgées à domicile
Le matin du 21 décembre 2015 à Rupperswil, le prévenu a commis l'un des crimes les plus graves de l'histoire en Suisse. Armé d'un couteau de cuisine, il a sonné à la porte du domicile des victimes, s'est présenté à la mère de famille comme un psychologue scolaire mandaté pour un prétendu cas de suicide d'une élève victime de mobbing à l'école que fréquentait le fils cadet.
Après avoir gagné la confiance de la femme de 48 ans, il s'est entretenu avec le garçon de 13 ans, puis a sorti son couteau. Sous cette menace, la mère de famille a été forcée de réveiller le fils aîné de 19 ans et sa petite amie de 21 ans, puis de les ligoter.
Le ravisseur l'a ensuite contrainte à aller retirer 11'000 francs sur deux comptes bancaires, prétendant qu'un complice la surveillait à distance. A son retour, il l'a ligotée.
Il a ensuite abusé sexuellement du fils cadet dans sa chambre. Après avoir égorgé ses quatre victimes, il a mis le feu à la maison.
Nouveau crime en préparation
Dans les mois qui ont suivi, il a cherché à nouveau des garçons sur Internet, espionné les familles de deux d'entre eux et préparé son sac à dos contenant ses instruments criminels. Il a été arrêté le 12 mai 2016, avant de pouvoir passer à l'acte une nouvelle fois.
/ATS