Genève veut taxer les sucres ajoutés dans les boissons industrielles et dans les produits ultra-transformés. Le Grand Conseil a accepté vendredi une motion dans ce sens.
Ce texte issu des rangs PDC a été accepté par 56 voix contre 16 et 7 abstentions. Le gouvernement a six mois pour y répondre. Mobilisé pour une conférence de presse sur le coronavirus, le gouvernement ne s'est pas exprimé vendredi devant le Grand Conseil sur cette motion.
Le texte ne précise pas le montant de la taxe. Il prévoit que les revenus de cette taxe sont destinés à la prévention de l'obésité et des caries. Elle vise aussi une interdiction des distributeurs d'aliments ultra-transformés et de boissons industrielles dans les établissements publics, notamment les universités et les écoles.
'Il est temps de passer du volontariat à la contrainte', a insisté la députée PDC Delphine Bachmann. Et de citer les effets nocifs sur la santé de la consommation excessive de sucre: obésité, diabète et maladies cardio-vasculaires notamment. De nombreux députés ont insisté sur le caractère addictif du sucre. 'Pire que la cocaïne', selon Mme Bachmann.
Début de réaction
'Tout le monde est d'accord pour dire que le sucre est une calamité, mais les lobbies bloquent toute action', a déploré le député PDC Bertrand Buchs. 'En introduisant cette taxe, on amorce une réaction', a ajouté le démocrate-chrétien. Quelques oppositions se sont manifestées à droite, notamment à l'UDC, qui estime que l'industrie agro-alimentaire n'a pas été entendue en commission.
Les députés ont dans la foulée voté à l'unanimité une résolution destinée au parlement fédéral. Exerçant son droit d'initiative cantonale, le Grand Conseil demande de réglementer de manière restrictive la teneur en sucres ajoutés des denrées alimentaires dans le but de réduire les effets nocifs de sa consommation sur la santé des consommateurs.
Neuchâtel aussi
Plusieurs tentatives ont déjà été lancées en vain pour taxer le sucre en Suisse. Si Genève introduit cette taxe, le canton sera pionnier en Suisse. Neuchâtel avait essayé par le biais d'une initiative cantonale qui demandait une taxe sur les sucres ajoutés lors des processus de fabrication. Mais le parlement fédéral avait balayé cette idée en juin dernier.
Le Conseil d'Etat neuchâtelois est récemment revenu à la charge. Il a proposé en janvier une taxe sur les boissons sucrées pour financer un programme bucco-sanitaire en tant que contre-projet à l'initiative 'Pour une assurance des soins dentaires'. Au niveau international, une trentaine de pays taxent le sucre.
/ATS