Le projet de protection des minorités menacées, notamment juive et musulmane, se précise. Responsable du dossier, le Réseau national de sécurité (RNS) a décidé d'associer les milieux concernés au travaux. Les organisations juives expriment leur satisfaction.
Le projet, qui implique la Confédération et les cantons, comprendra notamment une analyse des menaces, ont indiqué lundi les Départements fédéraux de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) et de justice et police (DFJP). Au vu de la menace terroriste actuelle, la communauté juive en particulier est exposée à un danger accru, relève le communiqué.
Le projet répertoriera les mesures de protection existantes et examinera leur financement. Il détaillera également les mesures de prévention nécessaires et définira les compétences pour leur mise en œuvre et leur financement. Les travaux devraient être achevés d'ici la fin de l'année.
L'objectif est d'élaborer un concept modulable en fonction de la situation sur le terrain, afin de pouvoir protéger également d'autres groupes minoritaires particulièrement menacés.
Le délégué du RNS André Duvillard informera régulièrement la plate-forme politique du RNS de l'avancement du projet. Cette dernière est composée des conseillers fédéraux en charge de la police (Simonetta Sommaruga), de la défense (Guy Parmelin), ainsi que du président de la conférence des directeurs cantonaux de justice et police Hans-Jürg Käser et du président de la conférence gouvernementale des affaires militaires Norman Gobbi.
Organisations juives satisfaites
Dans un communiqué commun, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Plateforme des juifs libéraux de Suisse (PJLS) se sont réjouies du mandat confié au RNS, qui prend en compte leurs principales revendications.
Les deux organisations faîtières, qui s'investiront dans le groupe de travail prévu, apprécient notamment la volonté d'examiner la question du financement des mesures de sécurité. Car actuellement, elles prennent elles-mêmes en charge une grande partie de ces coûts, 'de l'ordre de plusieurs millions de francs', relèvent-elles.
Coordination pour les questions religieuses
Pour les questions religieuses, une approche uniforme sera par ailleurs définie dans l'administration fédérale. Pour ce faire, le DFJP a décidé de créer, à l'Office fédéral de la justice (OFJ), un service ad hoc de coordination et d'information.
Sa mission consistera à mettre en relation les différents services fédéraux amenés à traiter des objets touchant à ces thématiques et à favoriser les échanges. L'OFJ sera aussi l'interlocuteur des communautés religieuses qui veulent entrer en contact avec des autorités fédérales pour des sujets qui les concernent spécifiquement.
En créant ce service, le DFJP met en œuvre une recommandation figurant dans le rapport du RNS de juillet 2016 relatif aux mesures de prévention de la radicalisation.
La FSCI et la PJLS saluent aussi la création annoncée de ce nouvel organe. Les deux organisations juives sont 'confiantes que ceci facilitera le traitement de questions spécifiques aux religions qui dépassent le cadre d'un seul département'.
Le 2 février, la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD) a de son côté exprimé ses craintes face au djihadisme et à l'extrême droite. En 2016, elle a recensé 153 actes antisémites en Suisse romande, dont cinq sont considérés 'sérieux' et un 'grave', selon son rapport annuel.
/ATS