Les comptes 2018 de l'Etat de Genève présentent un bénéfice inattendu de 222 millions de francs alors qu'un déficit de 187 millions était budgété. Ce résultat est dû à une forte progression des recettes fiscales.
'Cet excédent est le plus élevé depuis 2010', a relevé jeudi devant la presse le président du Conseil d'Etat genevois Antonio Hodgers. Ces 222 millions permettent de voir venir positivement les grandes réformes qui se profilent, dont celles de la fiscalité des entreprises et de la caisse de pensions de l'Etat, a souligné la grande argentière Nathalie Fontanet.
La croissance économique plus importante que prévue explique en partie ce bon résultat. 'L'économie genevoise a cartonné en 2018, en particulier sur le premier semestre', a souligné Pierre Maudet, chef du Département du développement économique. Le commerce extérieur a connu des niveaux historiques, l'emploi est demeuré à la hausse et le taux de chômage est resté stable.
Vigilance de mise
Conséquence de cette bonne santé économique: les revenus fiscaux ont globalement grimpé de 7,7% par rapport au budget 2018. A noter la hausse considérable de 14% des rentrées d'impôts des personnes morales. Les impôts immobiliers ont aussi pris l'ascenseur (+15,6%) en raison d'un excédent sur les droits de mutation.
Selon Mme Fontanet, l'augmentation des revenus fiscaux est aussi imputable à la correction à la hausse des impôts des périodes précédentes. Elle évoque également l'effet des dénonciations spontanées des contribuables. Bien que satisfait du résultat 2018, le Conseil d'Etat a appelé à la vigilance en raison des signes d'essoufflement économique apparu au deuxième semestre.
Des provisions
Les charges sont en progression de 155 millions par rapport au budget (+1,9%). En cause, principalement une provision de 157 millions liée à un litige portant sur l'annuité 2016 qui n'avait pas été versée aux fonctionnaires. Saisi par le Conseil d'Etat, le Tribunal fédéral devra trancher.
Sans ces éléments extraordinaires, les charges de personnel sont inférieures de 22 millions (-0,9%) par rapport au budget. 'Le Conseil d'Etat reste ainsi dans les clous', selon Mauro Poggia, chef du Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé.
Le gouvernement n'a par ailleurs pas pu provisionner de montant pour la recapitalisation de la Caisse de pensions de l'Etat de Genève (CPEG) tant les incertitudes autour de ce dossier sont grandes. Les Genevois doivent se prononcer sur le sujet le 19 mai. Trois options aux conséquences très variées sont sur la table.
Investissements en baisse
Pour la quatrième année consécutive, les investissements sont entièrement autofinancés. Le taux de réalisation atteint 68%, soit le plus bas de ces dix dernières années, a souligné Serge Dal Busco, chef du Département des infrastructures.
Il ne faut pas y voir une volonté politique du Conseil d'Etat, a insisté ce dernier. Certains projets ont notamment été retardés par des recours. La mobilité se taille toujours la part du lion avec 188 millions sur les 520 millions dépensés en 2018.
Quant à la dette, elle baisse de 562 millions pour s'établir à 11,8 milliards à fin 2018, ce qui correspond à 23'500 francs par habitant. L'activation du frein à l'endettement s'éloigne, s'est réjoui M.Hodgers.
Des craintes
Le PDC se dit globalement satisfait des comptes, tout en regrettant la nette progression des charges de l'administration. Il s'inquiète du fait que ces comptes ne comprennent pas d'éventuelles provisions liées à la recapitalisation de la CPEG. Le MCG estime qu'il a bien fait de voter le budget, quand d'autres partis peignaient le diable sur la muraille.
/ATS