Obtenir un cessez-le-feu dans un conflit qui a fait plus de 260'000 victimes. Les discussions indirectes sur la Syrie ont débuté vendredi à Genève avec pour seule délégation celle du gouvernement. Le principal groupe d'opposants a confirmé en soirée sa participation.
Deux ans après l'échec de Genève II, l'émissaire de l'ONU a mené une première réunion avec la délégation 'substantielle' dirigée par l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar al-Jaafari, arrivée dans l'après-midi. Au terme de cette rencontre 'préparatoire' de deux heures et demie, l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura a réservé surtout ses déclarations au Haut comité des négociations (HCN).
'N'importe quel type de cessez-le-feu a besoin de deux interlocuteurs', a-t-il souligné.
Depuis plusieurs semaines, le principal groupe d'opposants exigeait un geste avant d'entamer les discussions. Que ce soit la levée des sièges en Syrie, dont le nombre varie de 14 à 18 et où quelque 400'000 personnes vivent selon les sources à l'ONU, la fin des bombardements russes ou une libération de détenus.
'Le meilleur moyen' pour une mise en oeuvre d'une amélioration est de venir 'avec nous Genève', a dit l'émissaire de l'ONU devant la presse. Et de s'engager à utiliser les discussions de Genève 'pour assurer que l'accès aux villes assiégées soit amélioré'.
Six mois de tractations
La priorité sera de tenter d'atteindre un cessez-le-feu pour améliorer la situation humanitaire sur place. En près de cinq ans, le conflit a fait plus de 260'000 tués, quelque 6,5 millions de réfugiés et 4,6 millions de déplacés qui n'ont peu ou pas accès à une aide adaptée.
Si les indications en fin d'après-midi laissaient déjà penser à un déblocage de la situation à Ryad, la confirmation est venue dans la soirée. Plusieurs responsables du HCN ont alors affirmé que l'opposition rencontrerait bien M. de Mistura tout en rejetant des discussions directes avec le gouvernement.
L'émissaire de l'ONU avait lui-même annoncé que les consultations seraient indirectes dans l'immédiat. Il avait demandé au HCN une liste de 15 noms. Mais un responsable de cette entité a annoncé à l'AFP que '30 à 35' personnes seraient envoyées.
En parallèle, M. de Mistura a convié une dizaine d'autres opposants syriens qui doivent contribuer aux pourparlers. Ceux-ci souhaitent être sur un pied d'égalité avec le HCN. Autre problème, les Kurdes du PYD n'ont pour le moment pas été invités. Une situation qui ne satisfait pas Moscou.
Pays-Bas présents en Syrie
Les premiers échanges avec le HCN pourraient être lancés dès ce week-end, a priori plutôt dimanche selon l'émissaire. Le processus doit s'étaler au maximum sur six mois. Après sa rencontre avec M. de Mistura, Bachar al-Jaafari ne s'est pas exprimé. Mais selon l'émissaire, la délégation gouvernementale est revenue sur la question de la liste des groupes à considérer comme terroristes.
Un élément qui ne figure pas dans le mandat donné en décembre par le Conseil de sécurité et qui doit être débattu à New York. 'L'agenda est clair', a dit M. de Mistura. Il prévoit un gouvernement de transition dans les six mois, une nouvelle Constitution et des élections dans les 18 mois.
La question du président Bachar al-Assad est la plus épineuse à plus long terme. L'opposition souhaite son départ dès la formation de l'autorité de transition, ce que le régime et ses alliés russes et iraniens refusent. L'Iran a dit vendredi douter d'une issue politique rapide.
Elément garanti, le groupe Etat islamique (EI) ne participera pas aux consultations. La moitié des personnes qui ne peuvent être atteintes par l'aide humanitaire se trouvent dans des zones qu'il contrôle, selon les estimations.
Une coalition menée par les Etats-Unis mène des raids aériens sur les positions de l'organisation djihadiste en Irak et en Syrie. Vendredi, les Pays-Bas ont annoncé qu'ils allaient aussi frapper en Syrie.
/ATS