Les femmes sont les vedettes de ce mois de juin, à cinq mois des élections fédérales. Dans une campagne sans précédent, elles revendiquent tous partis confondus leur place au Parlement. Les partis de gauche partent avec une bonne longueur d'avance.
'Nous voulons diriger, décider et travailler ensemble au-delà des clivages politiques'. Paroles de Lisa Mazzone (Verts), Jacqueline De Quattro (PLR), Flavia Wasserfallen (PS) ou Isabelle Chevalley (Vert'lib) pour n’en citer que quelques-unes. Ce message a été lancé il y a un an déjà dans un clip de la Commission fédérale pour les questions féminines en vue des élections fédérales du 20 octobre: l'objectif est clair: 'Moitié-moitié. Plus de femmes en politique'.
Du côté associatif, on n'est pas en reste. Alliance F et Operation Libero ont lancé 'Helvetia Appelle'. 'Et si on imaginait 40 femmes et six hommes au Conseil des Etats ou 137 femmes et 63 hommes au Conseil national', se demandent les jeunes femmes sur le ton de l'autodérision, mais bien décidées à réveiller le maximum de vocations politiques féminines.
Recul au Parlement
Car la situation en Suisse n'est guère brillante. Aujourd'hui , le National compte moins d'un tiers de femmes et le Conseil des Etats seulement 13%. Durant, la législature, le Parlement a même 'perdu' une députée et une sénatrice au profit de deux complets-cravates.
Un gouvernement et un parlement qui se composent en grande majorité d'hommes ne représentent pas notre population, affirme Alliance F. Les femmes doivent pouvoir participer à l'élaboration des lois qui les concernent tout autant que les hommes. Il faut une représentation 50-50 dans la politique.
Interrogés, les partis affirment tous 'soutenir activement les candidatures féminines'. A gauche, la parité hommes - femmes sur les listes fait partie du courant normal depuis des années, selon les porte-paroles du PS et des Verts.
Zébrées, paritaires, volontaires
Le PS opte pour des listes 'zébrées', alternant les candidatures féminines et masculines, voire dans certains cantons comme Berne des listes 100% femmes apparentées avec celles des hommes. Les Verts, qui ont opportunément déclaré 2019 'Année féministe', privilégient les listes 50-50, suivant l'exemple de la France qui montre que le nombre d’élues augmente. Tous deux ont bon espoir d'avoir sur l'ensemble 50% de candidatures de femmes.
Le PDC affiche également près de 40% de candidates aux élections fédérales, selon son porte-parole Michael Girod. La stratégie du parti est de proposer des listes mixtes. 'C’est la preuve que la parité peut être obtenue sans quota'. Le PDC encourage régulièrement les sections cantonales sans toutefois leur donner de recommandations.
L'UDC n’est pas non plus trop directif envers les sections. Le parti insiste plutôt sur une bonne représentation des jeunes, vieux, hommes, femmes, professions et régions lors de l'établissement des listes, indique sa porte-parole Andrea Sommer. Pas de quota, parité ou listes femmes. 'Les électrices et électeurs doivent pouvoir choisir qui ils veulent, et donc avoir un choix de personnes représentatives.'
Quant au PLR, il va lancer une campagne d'affichage très offensive pour la promotion de ses candidates, selon la conseillère nationale Doris Fiala.
Les nouvelles rivales
Au-delà des formules marketing propres à chaque parti, un véritable élan féministe se manifeste dans la plupart des cantons. Alliance F a déjà recensé 37 candidatures de femmes dans 16 cantons pour le Conseil des Etats. Bien que le nombre de candidats augmente à chaque nouvelle élection fédérale, ce chiffre, provisoire, n'a jamais été aussi élevé (35 en 1995). Pour le National, il est encore trop tôt pour avoir des chiffres.
Reste que pour être élues, les femmes doivent avoir les mêmes chances que leurs collègues masculins pour être placées en tête de listes ou simplement figurer sur un ticket à la Chambre des cantons. Ce qui débouche parfois sur des rivalités internes fortes. Le PS a ainsi attiré l'attention dans le canton de Vaud où Roger Nordmann a été évincé par Ada Marra, ainsi qu'en Argovie, où c'est cette fois Cédric Wermuth qui l’a emporté sur Yvonne Feri.
Pour Alliance F, rien de plus normal. 'C'est la même concurrence que l'on trouve entre deux hommes pour briguer un poste', selon Jessica Zuber. Mais pour qu'il y ait une vraie bataille opposant les genres, encore faut-il avoir des politiciennes très profilées. Ce qui semble loin d’être le cas dans les partis bourgeois. 'Chez nous, on manque de prétendantes; il faut donc plutôt voir une marge de progression', confie une militante PLR.
/ATS