Des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) ont découvert une forte corrélation entre la contraction des pupilles et la profondeur du sommeil. Cela permettrait au cerveau de se couper des éléments extérieurs afin de garantir la qualité du sommeil.
La taille de nos pupilles varie sans cesse, que ce soit suite à un changement d’intensité de la lumière ou de l’activité cérébrale. A l'éveil, les pupilles indiquent le niveau d’activité du cerveau. Elles se dilatent sous l’effet de l’attention ou de l’excitation et se contractent quand la fatigue ou l’endormissement se font sentir.
Des neuroscientifiques de l’UNIGE ont voulu savoir ce qu'il en est durant le sommeil. En observant des souris endormies, ils ont constaté que les pupilles se contractent au maximum lorsque les rongeurs semblent dormir profondément.
A l'inverse, elles se dilatent lors des phases de sommeil moins profond. Ces constatations ont été rendues possibles par le fait que les souris dorment parfois les paupières relevées, facilitant l’observation oculaire.
Fenêtre sur le cerveau
'Nous avons voulu vérifier si la pupille pouvait être une fenêtre sur l’activité cérébrale', explique Daniel Huber, du Département des neurosciences fondamentales, cité jeudi dans un communiqué de l’UNIGE. Les chercheurs ont placé des électrodes pour mesurer l’activité cérébrale et utilisé des caméras infrarouge afin d’observer les pupilles dans l’obscurité.
'La pupille noire sur l’iris foncé ne ressortait pas assez bien, nous avons donc mis au point une nouvelle méthode de pupillométrie', précise la chercheuse Özge Yüzgec. Les scientifiques ont utilisé une lumière infrarouge capable d’illuminer l’arrière des yeux, faisant ainsi paraître en blanc la pupille sur les images de la caméra infrarouge.
Ces expériences ont confirmé que plus la pupille se contracte, plus les oscillations de l’activité cérébrale sont intenses, et donc plus le sommeil est profond. Observer la pupille permettrait dès lors de se passer d’électrodes pour connaître l’activité cérébrale du sujet endormi.
Protection du sommeil profond
Les chercheurs se sont ensuite demandé pourquoi ce mécanisme oculaire était lié au cerveau pendant le sommeil. 'Grâce à l’utilisation de gouttes similaires à l’atropine, nous avons dilaté complètement la pupille d’un seul oeil de la souris profondément endormie', poursuit Daniel Huber.
Un flash lumineux a ensuite été dirigé vers un des yeux à la fois. Lorsque le flash était placé face à l’oeil dilaté, la souris s’est instantanément réveillée, alors que placé devant l’oeil à la pupille contractée, elle a poursuivi son sommeil profond.
'Cela montre que ce mécanisme est probablement une protection du sommeil profond en permettant au cerveau de se couper des stimuli extérieurs', ajoute Özge Yüzgec.
A vérifier sur l'humain
Cette étude assoit non seulement le lien intime entre l’activité cérébrale et la taille des pupilles, permettant dès lors de se passer d’électrodes, mais souligne également le rôle de barrière important que jouent les yeux contre les éléments extérieurs, afin que le cerveau se repose sans dérangement.
Les chercheurs de l’UNIGE vont à présent transposer cette recherche à l'être humain, dont le cycle de sommeil profond est très proche de celui de la souris. Ces résultats sont publiés dans la revue Current Biology.
/ATS