Le vieillissement de la population imposera à la Suisse de grands défis. Les dépenses pour les soins de longue durée vont passer de 6 milliards de francs en 2011 à quelque 20 milliards d'ici 2045, estime le Conseil fédéral dans un rapport adopté mercredi.
Pas moins de 17'000 nouveaux emplois devront être créés d'ici 2020 pour soigner les personnes âgées. Il faudra remplacer les quelque 60'000 professionnels qui partiront à la retraite. La Confédération et les cantons ont déjà lancé différents projets, comme l'initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié.
Des places supplémentaires devront aussi être fournies dans les EMS et l'offre en soins ambulatoires devra être étoffée. Selon le gouvernement, les patients vont de plus en plus privilégier les soins à domicile ou les structures intermédiaires aux EMS et maisons de retraites.
Mesures déjà lancées
La hausse des coûts frappera en premier lieu les cantons, qui devraient augmenter leurs impôts. Selon le rapport, ils disposeraient toutefois avec l'impôt sur les successions, d'un substrat fiscal qui n'est pas épuisé à l'heure actuelle.
Les ménages verront non seulement les primes d'assurance maladie augmenter mais aussi la facture du fisc. Les Suisses doivent en outre se préparer à une hausse de la TVA pour financer l'AVS voire à une hausse des charges pour les prestations complémentaires.
Le Conseil fédéral marche sur des oeufs. Faute de péril en la demeure, la question du financement et de la répartition des tâches doit être reprise plus tard. Selon lui, il importe de se concentrer d'abord sur les mesures déjà mises en oeuvre.
Des efforts de prévention devront être faits en ciblant particulièrement les personnes âgées (prévention des chutes, encouragement de l'activité physique, meilleure alimentation).
Des mesures devront en outre être prises pour améliorer la qualité et l'efficacité des soins. Tous les spécialistes impliqués dans le traitement, les soins et l'assistance devraient synchroniser leur travail. Un projet en ce sens sera mené les prochains mois et se concentrera sur les personnes très âgées et souffrant de plusieurs maladies chroniques.
Nouveau financement ?
Une solution pour la répartition des tâches et le financement devra ensuite être préparée le moment venu s'il s'avère que le statu quo ne peut plus être maintenu à moyen et à long terme.
Les différentes décisions de financement doivent être coordonnées. Les coûts pour l'économie globale doivent être maintenus à un niveau aussi bas que possible. la répartition des coûts entre assurés et contribuables devra être supportable pour les ménages les plus modestes.
Plusieurs options sont discutées. Une participation accrue de la Confédération aux coûts des soins est une alternative possible. Une autre serait l'introduction d'une assurance pour les soins de longue durée financée exclusivement par des primes et qui pourrait par exemple être obligatoire pour tous les plus de 50 ans.
Le rapport développe plusieurs modèles. La nouvelle assurance pourrait couvrir tous les soins de longue durée, ou en laisser une partie à l'assurance de base. Au lieu de fonctionner sur un système de primes, elle pourrait aussi être financée par un pot commun. Le Conseil fédéral ne voit en revanche pas d'un bon oeil un financement par le pilier 3a ou via un système de capitalisation.
/ATS