Manque de vitamines D: un test inutile trop souvent prescrit

En raison d’un ensoleillement insuffisant, deux Suisses sur trois (60%) souffrent d’une carence ...
Manque de vitamines D: un test inutile trop souvent prescrit

Manque de vitamines D: un test inutile trop souvent prescrit

Photo: KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

En raison d’un ensoleillement insuffisant, deux Suisses sur trois (60%) souffrent d’une carence en vitamine D. L'Office fédéral de la santé publique recommande de prendre de la vitamine D, mais sans un examen de sang, pas nécessaire et trop souvent prescrit.

A l'échelle de la Suisse entière, les coûts pour déterminer le taux de vitamine D se sont élevés à environ 90 millions de francs en 2018. Les chercheurs jugent les coûts de ces tests diagnostiques exorbitants, notamment si on les compare à d’autres tests, plus importants.

Pourtant, le nombre de ces analyses de laboratoire est depuis quelques années en forte hausse. Une étude, commandée par le Swiss Medical Board à l’Institut für Hausarztmedizin und Community Care de Lucerne, parvient à la conclusion que la majorité de ces tests sont inutiles et pourraient bien être qualifiés de soins médicaux excessifs, indique le Swiss Medical Board dans un communiqué lundi.

La vitamine D est importante pour une saine ossification: elle stimule l'absorption intestinale du calcium et favorise son stockage dans les os. La nourriture n’apporte que peu de vitamine D qui est essentiellement synthétisée au niveau de la peau lorsque celle-ci est exposée au soleil.

Selon certaines études, elle permettrait de réduire jusqu’à 30% le risque de chute et de fracture de la hanche, notamment chez les personnes âgées. La prise de vitamine D est bien tolérée et prévient un risque de carence de plus de 97% de la population.

Des examens de laboratoire sont tout au plus indiqués pour certains groupes à risque, par exemple les personnes âgées en surpoids important ou les personnes à peau foncée pour lesquelles la carence en vitamine D peut être plus prononcée.

Abus de tests

En collaboration avec un assureur maladie, les chercheurs ont analysé les données des assurés de 200'043 patients pour l’année 2015 et de 200'046 patients pour l’année 2018. Il a été constaté que le taux de vitamine D avait été déterminé chez 14% de tous les assurés en 2015 et même chez 20% en 2018, ce qui correspond à une augmentation de presque 50%.

Chez les assurés entre 26 et 30 ans, cette augmentation pendant cette période était même de 69%. L’étude a également montré que le test avait été d’autant plus souvent prescrit que les assurés avaient une franchise peu élevée, une assurance complémentaire ou habitaient en ville.

Des études effectuées dans d'autres pays ont montré des chiffres sensiblement aussi élevés. En Australie par exemple, les tests de vitamine D ont augmenté de 59% par an entre 2000 et 2010. En Grande-Bretagne également, le nombre annuel de tests a considérablement augmenté entre 2008 et 2016. Les auteurs de cette étude soupçonnent que 70 à 80% de ces tests étaient inutiles.

Le Swiss Medical Board (SMB) repose sur une association dont sont membres les institutions et organismes suivants : la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS), l’Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM), le gouvernement de la principauté du Liechtenstein (RFL), l'Association des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche (interpharma), des associations d’assureurs maladie (santésuisse, curafutura), la Fondation Organisation suisse des patients (OSP) et la Fédération suisse des patients (FSP), l’organisation faîtière des sociétés de discipline pratiquant la chirurgie (fmCh).

/ATS
 

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