Les deux responsables de la Fifa arrêtés jeudi à Zurich sur ordre de l'Office fédéral de la justice (OFJ) s'opposent à leur extradition vers les Etats-Unis. Ils seront entendus jeudi encore par la police cantonale zurichoise sur les faits qui leur sont reprochés.
Dans un communiqué, l'OFJ a précisé l'identité des personnes placées en détention. Il s'agit d'Alfredo Hawit, citoyen hondurien, président de la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF) et vice-président de la Fifa, ainsi que de Juan Angel Napout, citoyen paraguayen, président de la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) et responsable de la Fifa.
L'OFJ demandera aux Etats-Unis de lui faire parvenir des demandes formelles d'extradition dans le délai de 40 jours prévu par le traité d'extradition en vigueur entre les deux pays.
La procédure pourra continuer dès que ces demandes auront été remises. Les personnes concernées peuvent à tout moment choisir d'être extradée selon une procédure simplifiée avant que l'OFJ ne rende sa décision en première instance.
Descente de police à l'aube
L'opération a débuté jeudi à 06h00 et a visé l'hôtel Baur au Lac qui avait déjà été le théâtre d'une première vague d'arrestations le 27 mai. L'ordre d'arrestation de l'OFJ se fonde sur une demande des autorités américaines du 29 novembre 2015, a communiqué l'Office.
Dans le cadre des enquêtes qu'il mène sur les cas de corruption au sein de la FIFA, le parquet du district est de New York soupçonne les personnes concernées d'avoir accepté des pots-de-vin. Ces cadres haut placés auraient été payés en l'échange de la vente de droits de marketing en lien avec la diffusion de tournois en Amérique latine et de qualifications pour la Coupe du monde.
Selon la demande d’arrestation américaine, les actes visés auraient été en partie fomentés aux Etats-Unis et des paiements auraient transité par des banques américaines.
Réunion du comité exécutif
La FIFA a assuré dans un communiqué qu'elle 'continuerait à coopérer pleinement' à la fois avec les enquêteurs américains et suisses.
Cette nouvelle opération intervient sept mois après une première vague d'arrestations pour fraude, corruption et blanchiment d'argent d'une douzaine de dirigeants de la Fifa. Elle a à nouveau lieu alors que la Fifa réunit son comité exécutif pendant deux jours, mercredi et jeudi, à Zurich.
Lors de ce comité exécutif, le Fifa doit se pencher sur les réformes cruciales pour son avenir rendues nécessaire par le scandale qui a éclaté en mai. Les enquêteurs américains ont mis en évidence que des dirigeants du football mondial avaient reçu des pots-de-vins et commissions pour l'attribution de phases finales de Coupe du monde et la cession de droits TV et commerciaux.
Entraide judiciaire
Deux des sept responsables de la FIFA arrêtés à Zurich le 27 mai 2015 ont accepté d'être extradés selon une procédure simplifiée. Les cinq autres se sont opposés à leur extradition vers les Etats-Unis. Le Tribunal pénal fédéral ne s'est pas encore prononcé sur leurs recours.
Sur la base de quatre demandes d'entraide judiciaire américaines, l'OFJ a fait bloquer différents comptes situés en Suisse sur lesquels les pots-de-vin auraient été versés et fait saisir les documents bancaires afférents.
Il a en outre requis, par le biais de cinq décisions finales, que des documents bancaires soient remis aux Etats-Unis. Les détenteurs des comptes concernés ont 30 jours pour faire recours contre ces décisions auprès du Tribunal pénal fédéral.
Ces décisions finales prendront effet si les détenteurs des comptes renoncent à faire recours ou si le Tribunal pénal fédéral, et éventuellement le Tribunal fédéral, rejette les recours. Ce n'est qu'alors que l'OFJ pourra remettre les moyens de preuve recueillis en Suisse aux Etats-Unis.
/ATS