Accusé d'avoir volé un diamant estimé à environ huit millions de francs, un joaillier a été acquitté par la justice jeudi à Nyon (VD). Le Tribunal correctionnel de La Côte a jugé que les doutes étaient trop importants pour le condamner.
Les faits remontent à janvier 2012 lorsqu'une riche héritière a remarqué que le diamant qui ornait sa bague avait été remplacé par une pierre sans valeur. Les soupçons s'étaient alors portés sur ce joaillier jordanien, un de ses amis proches à qui elle venait de confier l'inventaire de ses bijoux.
Après plus de dix ans d'enquête, et alors que l'accusé a toujours clamé son innocence, 'des doutes importants subsistent' sur la culpabilité de ce sexagénaire, a estimé la Cour.
Les juges ont relevé que le joaillier n'avait jamais été pris en faute malgré 'des moyens d'investigation impressionnants', entre écoutes téléphoniques et acoustiques, balises GPS sur son véhicule, perquisitions et même recours à des détectives privés. Le diamant n'a, par ailleurs, jamais été retrouvé.
Qui est coupable ?
S'il a été établi que le diamant a été substitué sur la bague peu de temps après l'inventaire, le Tribunal a remarqué que onze personnes étaient, à cette époque, au service de l'héritière à son domicile.
'Il n'est pas parfaitement exclu qu'une autre personne ait eu accès' au coffre contenant le diamant, dont les premiers numéros étaient 'un secret de Polichinelle', ont souligné les juges.
L'absence d'un véritable mobile, le prévenu étant 'à l'abri du besoin financier', a aussi pesé dans le verdict. Tout comme la réputation 'd'intégrité et de loyauté' du joaillier, qui comptait notamment la famille princière de Monaco parmi ses clients.
Acquitté du vol de ce diamant rose, mais aussi d'un autre diamant jaune comme l'affirmait la plaignante, le prévenu s'est vu attribuer la somme de 98'950 francs pour ses frais de défense. S'y ajoutent 28'800 francs pour tort moral, sachant notamment qu'il a passé 119 jours en détention provisoire. Ces montants sont à la charge de l'Etat de Vaud.
'Affaire dingue'
Le joaillier, désormais installé à Doha, s'est évidemment réjoui de ce verdict après 'une longue souffrance de 11 ans.' Il a notamment déploré que sa réputation ait été 'détruite' par cette affaire.
Ses trois avocats ont dit leur 'satisfaction', à l'instar de Me Miriam Mazou qui a salué un 'jugement très bien motivé', reprenant 'largement' les arguments de la défense. 'Cela a été un combat de longue haleine', a-t-elle ajouté.
'Nous avons été entendus', a renchéri son confrère Laurent Moreillon, parlant d'une 'affaire complètement dingue'.
Appel: pas encore de décision
De leur côté, les avocats de la plaignante ne se sont pas encore déterminés sur un éventuel appel, leur cliente ayant quitté le tribunal aussitôt le verdict connu.
Quant au procureur Jean-Marie Ruede, qui avait requis 18 mois de prison avec sursis, il souhaite aussi se donner le temps de la réflexion. Il a relevé que ce jugement faisait partie 'du jeu de la procédure pénale', rappelant que le doute devait toujours profiter à l'accusé. 'C'est un principe cardinal', a-t-il affirmé.
/ATS