La Suisse renforce ses mesures contre le coronavirus après la propagation du virus en Italie. Les tests et l'information de la population seront intensifiés, notamment aux frontières. Aucun cas d'infection n'a été confirmé en Suisse pour l'instant.
Environ 300 cas suspects ont été examinés. Tous se sont avérés négatifs au coronavirus. Le risque pour la Suisse reste toutefois accru, a affirmé lundi le ministre de la santé Alain Berset devant la presse à Berne. 'Nous suivons cette situation heure par heure et nous sommes bien préparés pour protéger la population'.
Vu l'évolution de la situation, en particulier en Italie où le nombre de cas augmente rapidement, la task force dirigée par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a pris des mesures supplémentaires pour prévenir et retarder une vague de contamination en Suisse. Une campagne d'information, avec des flyers et des panneaux, sera lancée aux frontières et dans les aéroports à l'intention des voyageurs et des pendulaires.
Le personnel des transports publics et les gardes-frontières recevront des instructions spécifiques. Les mesures aux frontières valent pour le Tessin, mais aussi pour le Valais et les Grisons.
Analyses aussi au Tessin
Les tests sur des personnes présentant des symptômes de type grippal seront intensifiés, particulièrement dans les hôpitaux tessinois, a ajouté Pascal Strupler, directeur de l'OFSP. Les capacités du laboratoire de référence, basé à Genève, qui peut détecter les cas de coronavirus ont été augmentées. Des tests seront possibles directement au Tessin dès mardi, avec un résultat dans les deux heures. Cela permettra de gagner du temps dans les cas suspects.
Un groupe de coordination composé de 20 spécialistes suit la situation de près au Tessin, a déclaré le président du Conseil d'Etat Christian Vitta lors d'un point presse. Il a appelé la population à faire confiance aux experts. 'Le canton du Tessin est prêt au cas où un premier cas de coronavirus est confirmé'.
Certains cas suspects ont déjà été repérés. Le médecin cantonal tessinois Giorgio Merlani n'a toutefois pas voulu dire combien et où se trouvent les patients. L'objectif est maintenant de tester les personnes concernées le plus rapidement possible. 'Si un cas est confirmé, nous ne le cacherons pas', a-t-il promis.
L'inquiétude croît
L'inquiétude croît dans la population, a reconnu Pascal Strupler. La ligne téléphonique d'urgence a reçu 170 appels samedi et 270 dimanche, des chiffres en forte augmentation après les informations venant d'Italie. Raison pour laquelle cette hotline sera renforcée dans toutes les langues nationales.
Les différentes mesures prises par la Confédération sont coordonnées avec les cantons. Des conférences téléphoniques ont lieu régulièrement avec les médecins cantonaux. Les hôpitaux ont assez de place pour répondre à des mesures de quarantaine et sont bien préparés, selon M. Strupler.
Premières annulations
Dans le canton de Vaud, deux annulations sont annoncées: celle d'une classe qui partait lundi matin pour Florence, ainsi qu'une autre qui devait voyager lundi prochain. Les conditions pour un voyage à visée pédagogique ne sont pas remplies, les élèves risquant d'être bloqués sur place ou des musées aux portes closes, a relevé le Département cantonal de la formation qui se prononcera sur les voyages à venir.
L'école suisse de Rome a elle aussi renoncé à son camp de ski annuel au Sport Resort Fiesch VS en raison de problèmes liés au virus corona. Cette école est invitée chaque hiver dans cette station depuis 22 ans.
Collaboration européenne
Des contacts ont aussi été pris avec les autorités italiennes et des autres pays européens. Le Conseil fédéral reçoit des informations du système européen d'alerte précoce. A tout moment, de nouvelles mesures peuvent être décidées, a noté Alain Berset.
Cinquante mille Suisses sont enregistrés dans les régions touchées par le virus en Italie auprès du consulat suisse à Milan. Mais aucun n'a déclaré d'infection.
Alain Berset se rendra d'ailleurs mardi à Rome pour une conférence, qui réunit les ministres de la santé italien et des pays voisins. Outre la Suisse et l'Italie, la France, l'Allemagne, l'Autriche et la Slovénie y envoient également un représentant.
A Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a relevé devant la presse que l'UE et la Suisse collaborent étroitement dans le suivi du virus. Il faut affronter collectivement les menaces et 'ne pas fermer les frontières', a affirmé le chef du programme d'urgence au sein de l'organisation Michael Ryan.
Mais l'UDC et des représentants de la Lega ne l'entendent pas de cette oreille: ils veulent des contrôles plus rigoureux aux frontières avec des tests médicaux rapides et une entrée en Suisse refusée aux personnes malades. 'Face aux quelque 75’000 frontaliers qui affluent tous les jours en Suisse en provenance d’Italie, les mesures annoncées par le conseiller fédéral Alain Berset ne suffisent pas', écrit l'UDC dans un communiqué.
Interpellé à ce sujet, le directeur du département tessinois de la santé Raffaele De Rosa a rappelé que 3800 frontaliers travaillent dans le secteur des soins au Tessin. Parmi eux, 120 médecins. Une fermeture des frontières aurait des conséquences incalculables.
/ATS