Le procès de la Portugaise suspectée d'avoir voulu tuer son mari belge en 2014 à Rossens (FR), s'est ouvert mercredi au Tribunal pénal de la Sarine, à Fribourg. Le Minstère public a requis une peine de 16 ans de détention.
Cette ancienne médecin-assistante à Hôpital fribourgeois (HFR), âgée de 32 ans, doit répondre de tentative d'assassinat et de séquestration. Elle avait été arrêtée en 2014 au Brésil, avant d'être extradée l'année suivante en Suisse. Son ami brésilien, lui aussi prévenu dans cette affaire, ne peut pas être extradé et court toujours.
Lors de l'audience mercredi, la question centrale était de savoir si les faits reprochés constituent un meurtre ou un assassinat, ce qui influe sur la durée de la peine. Pour la procureure Catherine Christinaz, il ne fait par exemple aucun doute que l'acte était intéressé financièrement.
Personnalité manipulatrice
Selon elle, l'accusée, qui n'appréciait pas sa vie en Suisse, avait besoin d'argent pour partir s'installer au Brésil, où son mari ne voulait pas la suivre, afin d'y suivre une formation. Pour preuve, elle mentionne entre autres que la Portugaise s'est renseignée sur les prestations d'une assurance-vie, a voulu figurer comme copropriétaire de l'appartement acheté par le couple - mais entièrement financé par la victime - et a refusé de se marier sous le régime de la séparation de biens.
Devant la prévenue, au bord des larmes, la procureure a par ailleurs relevé la planification minutieuse de l'acte, ainsi que son mode opératoire 'abject'. Calme et froide au moment des faits, l'accusée est décrite comme une personne égoïste, manipulatrice, capricieuse, ne supportant pas d'être contredite.
Celle-ci aurait par ailleurs tenté d'isoler son mari de son entourage, de le dénigrer et de le faire passer pour un homme dépressif et suicidaire. Les remords manifestés par la suite, ainsi que de prétendues menaces de la part de son mari, ne sont rien d'autre qu'une nouvelle tentative de manipulation de sa part, a estimé Catherine Christinaz.
Lourde peine requise
Au final, le Ministère public a requis une peine de détention de 16 ans. Il a estimé que la maladie mentale de la prévenue, qui souffre d'un trouble bipolaire, ne doit permettre de diminuer que de manière minime sa peine, au vu des nombreuses circonstances aggravantes.
De son côté, l'avocat de la défense a estimé cette sanction 'totalement excessive' et demandé une peine de huit ans. Il a notamment dénoncé un portrait mené totalement à charge par le Ministère public contre sa cliente, sans lui accorder la moindre circonstance favorable.
Rejetant toute préméditation dans les faits, il a appelé à tenir compte de son affection mentale, qui expliquerait un certain nombre d'agissements. Il a en outre réfuté l'appât du gain comme mobile et largement contesté le caractère manipulateur de la prévenue. Au final, le geste de la Portugaise s'expliquerait par sa conviction que sa vie était, à tort ou à raison, en danger. Le verdict sera rendu le 24 août prochain.
Liquide rosâtre
Les faits remontent au 23 avril 2014, où la jeune femme débarque après une longue route depuis le Portugal au domicile de son époux, accompagnée de son amant brésilien. Selon l'acte d'accusation, elle a alors forcé son mari à boire un liquide rosâtre, contenant un insecticide et de la mort-aux-rats.
A l'aide d'un fusil dérobé à son père, elle voulait faire peur à la victime afin de la forcer à boire et d'ainsi faire passer sa mort pour un suicide. Malgré l'absorption du poison, et après avoir 'fait le mort', l'époux parvient toutefois à se lever en direction de la porte d'entrée.
Le complice brésilien l'étrangle alors avec ses jambes, le laissant quelques minutes sans connaissance, avant de le rouer de coups dans le hall de l'immeuble. Sa femme lui entaille alors le poignet avec un couteau, afin de le vider de son sang et de faire passer, comme initialement prévu, sa mort pour un suicide. L'homme, qui souffre depuis de troubles physiques et psychiques, parvient miraculeusement à sortir de l'immeuble et à prévenir le voisinage.
Demande de divorce
Le couple avait fait connaissance en 2012 au service gynécologie de l'HFR. Quelque temps après, la Portugaise emménageait chez le quadragénaire, père de deux enfants restés chez leur mère en Belgique. Ils se sont mariés à l'automne 2013.
Suite à différents événements, leur relation s'est toutefois rapidement dégradée. Peu avant les faits, la victime avait informé la jeune femme vouloir entamer une procédure de divorce.
/ATS