Pour le président du PLR Philipp Müller, la conseillère nationale Christa Markwalder (PLR/BE) a bien violé le secret de commission en transmettant des informations à une lobbyiste. Pour le reste, l'affaire est dans les mains du bureau du Conseil national.
On sait désormais ce que Christa Markwalder a transmis, a déclaré M. Müller samedi dans l'émission 'Samstagsrundschau' de la radio alémanique SRF. Jusqu'ici, le président avait invoqué la présomption d'innocence.
En la matière, la valeur des informations transmises importe peu, tous les documents sont soumis au secret de commission, a-t-il ajouté. Quant à savoir si Mme Markwalder doit être élue à la présidence du Conseil national en décembre comme prévu, il a laissé la question ouverte. Ce sera aux parlementaires de trancher et la décision du bureau dans cette affaire aura une influence.
Un autre conseiller national PLR, Walter Müller (SG), a été mis en cause récemment pour un voyage qu'il a effectué au Kazakhstan. Philipp Müller a salué le fait que l'élu ait reconnu son erreur et qu'il entende rétroactivement payer ce voyage de sa poche.
'Naïveté'
Le président s'est dit étonné que deux politiciens aussi expérimentés que Mme Markwalder et M. Müller soient au centre de cette affaire. Le PLR entend éclaircir les deux cas sans ménagement, a-t-il précisé, promettant la transparence.
Interrogé dans l''Aargauer Zeitung' et la 'Südostschweiz', le politologue Claude Longchamp s'est étonné de la 'naïveté' de Christa Markwalder. La conseillère nationale est elle-même une lobbyiste des assurances et une politicienne expérimentée, a-t-il souligné.
Le politologue a plaidé en faveur de règles claires pour le lobbying. La Suisse fait comme si le lobbying n'existait pas, a-t-il estimé, or il est devenu hyperactif et est clairement sous-réglementé, selon lui.
Parti proche du pouvoir
En juin 2013, Christa Markwalder a déposé une intervention parlementaire sur les relations entre la Suisse et le Kazakhstan. Elle y posait diverses questions au Conseil fédéral sur la poursuite des contacts entre la Confédération et ce pays au régime autoritaire.
Mais selon la 'Neue Zürcher Zeitung', Mme Markwalder n'a pas rédigé elle-même son intervention: celle-ci provenait d'une agence de relations publiques active en Suisse, Burson-Marsteller, mandatée par le parti kazakh Ak-Jol. Une formation politique qui se décrit comme faisant partie de l'opposition, alors qu'elle serait en fait proche du pouvoir.
Mardi, Christa Markwalder a contre-attaqué, évoquant d'éventuelles démarches judiciaires contre la lobbyiste Marie-Louise Baumann, employée 'freelance' de Burson-Marsteller mise en cause dans cette affaire. Cette dernière s'est également fendue d'un communiqué où elle précise que 'le parti kazakh Ak-Jol, qui l'a mandatée, est bien un parti minoritaire d'opposition, qui n'a pas de représentant au gouvernement'.
/ATS