L'engagement de la police bernoise, vivement critiqué, contre des manifestants tibétains en janvier à Berne a des suites judiciaires. Une plainte pénale a été déposée contre le directeur de la sécurité de la ville de Berne, Reto Nause, et contre l'action de la police.
La plainte émane d'un participant tibétain à une manifestation qui s'est déroulée en marge de la visite en Suisse du président chinois Xi Jinping. Il accuse M. Nause et le responsable de l'opération policière d'abus de pouvoir et de contrainte, comme le révèle une lettre du Ministère public que l'ats a pu se procurer.
La visite du président chinois avait été entourée d'un important dispositif policier. C'est que les autorités suisses voulaient éviter les mêmes incidents qu'en 1999, lors de la dernière visite d'un président chinois. Elle avait occasionné des remous suite à une manifestation de Tibétains.
Alors président, Jiang Zemin avait été sifflé, et des drapeaux tibétains ainsi que des banderoles pour l'indépendance du Tibet brandis. Le président chinois s'était mis en colère et avait tancé les conseillers fédéraux présents.
Interdits de place Fédérale
En janvier dernier, les Tibétains n'ont donc pas été autorisés à se rendre jusqu'à la place Fédérale. Seule une manifestation avant l'arrivée du président chinois a été autorisée, en dehors de la place Fédérale. Plusieurs centaines de Tibétains s'étaient alors rassemblés le matin pour une manifestation bruyante mais pacifique.
Ils ont demandé au président chinois Xi Jinping d'initier un dialogue avec le dalaï lama, de cesser immédiatement les tortures à l'encontre des opposants tibétains et de permettre à des organisations internationales, telles que l'ONU, d'accéder à toutes les régions du Tibet pour se faire une idée de la situation.
Manifestants évacués
Après la manifestation du matin, quelques activistes membres de l'Association des jeunes Tibétains en Europe (VJTE) se sont rassemblés de manière non autorisée sur une place plus proche de la place Fédérale. La police a emmené 26 personnes qui refusaient de quitter les lieux malgré les injonctions. Après un contrôle au poste, elles ont été relâchées.
L'intervention de la police a soulevé de vives critiques. La section suisse d'Amnesty International s'était inquiétée des restrictions aux manifestations imposées durant la visite d'Etat.
Présente à la manifestation autorisée du matin, la présidente des Verts Regula Rytz a elle aussi jugé disproportionnées les mesures de sécurité prises par les autorités helvétiques à l'occasion de cette visite.
Tâche difficile pour la police
Après la manifestation autorisée du matin, la police avait pour mandat de ne pas laisser se dérouler de rassemblement non autorisé. Reto Nause avait aussi fait valoir que la tâche des forces de l'ordre n'avait pas été aisée, car en même temps que la visite d'Etat s'était déroulée une manifestation non autorisée contre le Forum économique mondial (WEF).
/ATS