Pour la première fois, les partis vaudois publient leurs comptes de campagne et l'identité de leurs gros donateurs après les élections cantonales du printemps, qui ont vu la droite reprendre la majorité. Le PLR a bénéficié, de loin, du plus gros budget, devant le PS.
Depuis janvier, la nouvelle loi vaudoise sur l'exercice des droits politiques instaure plus de transparence dans le financement des campagnes et des partis. Le budget de campagne pour une votation doit désormais être publié avant un scrutin. Pour une élection, comme celle de ce printemps, ainsi que pour les dons de plus de 5000 francs, la transmission aux autorités doit intervenir au plus tard 60 jours après la votation.
Le canton a publié mercredi sur son site internet - visible par tous - les chiffres fournis par les partis après les élections du printemps. Le Bureau électoral cantonal a procédé à un contrôle qui portait sur le respect des délais, la régularité ou encore la plausibilité des informations transmises.
Pas de contrôle approfondi
Durant trois semaines, il y a eu passablement d'allers et retours entre les partis et le Bureau. 'Il a fallu reprendre certains éléments pour qu'il y ait une cohérence, une comparabilité. Il fallait que les bons montants soient placés au bon endroit', a expliqué mercredi à Keystone-ATS Vincent Duvoisin, du Bureau électoral cantonal.
Il précise que ses services n'ont pas vérifié si les chiffres transmis correspondent à la réalité. 'La loi ne nous donne pas cette tâche, ni cette compétence. Nous n'avons aucun pouvoir d'investigation', a-t-il précisé.
Malgré l'effort de mise en cohérence, les résultats sont bruts et disparates. Les chiffres de certains partis, surtout à gauche, incluent l'élection au Conseil d'Etat et au Grand Conseil. PLR et UDC donnent des chiffres séparés pour les campagnes personnelles de leurs candidats au gouvernement. Pour le Grand Conseil, les chiffres sont donnés par district, parfois par candidat.
Au final, il apparaît que le PLR, qui compte le plus d'élus au Grand Conseil, annonce un budget de plus de 910'000 francs, sans compter les campagnes personnelles de ses élus au Conseil d'Etat (Isabelle Moret 176'000 francs, Christelle Luisier 134'000 et Frédéric Borloz 102'000 francs) ni les sommes des districts (en gros plus de 330'000 francs).
Le Parti socialiste (PSV), deuxième groupe du Parlement, annonce un budget de 408'000 francs pour le Conseil d'Etat et le Grand Conseil, et plus de 250'000 francs destinés aux districts (dont 98'000 francs à Lausanne). Les autres partis dévoilent des chiffres bien moindres.
Peu de gros donateurs
Les listes renseignant sur l'identité des donateurs sont nombreuses, mais peu fournies. La conseillère d'Etat Christelle Luisier y annonce les 67'930 francs donnés par le comité qui a organisé pour elle des repas de soutien. De nombreuses listes restent vides. Pour rappel, seuls les dons de plus de 5000 francs devaient être annoncés.
Contrairement à 'certains mythes', cet exercice démontre que le PLR 'est financé principalement par ses candidats, ses membres et le tissu économique local', a réagi le parti dans un communiqué. Les seuls montants supérieurs à 5000 francs reçus par ses candidats au Conseil d'Etat relèvent d'une section PLR ou d'autofinancement.
La campagne a été financée par les contributions des candidats, par des dons de personnes physiques (don moyen de 100 francs représentant 70% des dons) et de PME (don moyen de 1430 francs représentant 30% des dons). Mais aussi par les provisions effectuées d'année en année en vue des campagnes et par des repas de soutien.
Sur le montant de 910'000 francs annoncés par le PLR Vaud, 'grosso modo la moitié a servi pour la campagne au Conseil d'Etat', évalue Florence Bettschart-Narbel, vice-présidente du parti. Le parti a mis 'un peu plus d'argent' dans cette campagne 'car il y avait une chance de renverser la majorité de gauche', a-t-elle ajouté.
Disparité des moyens
Du côté des socialistes, on n'est pas surpris par 'la disparité des moyens', a relevé Pierre Dessemontet. Le vice-président est 'content' que ces chiffres soient publiés, mais leur analyse en profondeur reste à faire. 'C'est un progrès dans la transparence, mais un progrès limité car on annonce les dons en passant par des comités et on ne sait pas ce qu'il y a derrière'.
Le parti socialiste se finance essentiellement par les contributions de ses membres, a ajouté M. Dessemontet. Il précise qu'environ 80% des 408'000 francs annoncé par le PSV a servi pour la campagne au Conseil d'Etat. Pour rappel, les socialistes ont perdu un siège lors de l'élection. La sortante Cesla Amarelle n'a pas été réélue, alors que Nuria Gorrite et Rebecca Ruiz rempilent pour cinq ans.
/ATS