A Genève, la nouvelle loi qui oblige les thérapeutes qui travaillent dans le milieu carcéral à transmettre aux autorités des informations sur la dangerosité de leurs patients n'est pas du goût des médecins. Ils ont lancé une initiative législative.
Le texte de l'initiative en faveur du secret médical pour tous retouche légèrement la loi adoptée à une très courte majorité par le Grand Conseil genevois au début du mois de février. Seuls quelques mots ont été changés, et une phrase a été ajoutée par l'Association des médecins du canton de Genève (AMG) pour distinguer les simples médecins qui s'occupent de détenus des experts chargés spécifiquement d'évaluer leur état.
'Nous souhaitons garder les aspects positifs de la nouvelle loi, comme la coopération entre les différents acteurs et l'accent mis sur la sécurité', a relevé devant la presse Michel Matter, président de l'AMG. L'obligation faite aux médecins de transmettre des informations à la demande des autorités est en revanche combattue.
Peuvent et non doivent
Cette transmission d'informations devrait demeurer une possibilité et non un devoir. La nouvelle loi transforme le médecin généraliste en expert permanent, a déploré Philippe Ducor, avocat-conseil de l'AMG. En cas de drame, celui-ci pourrait devenir le responsable tout désigné, car n'ayant pas signalé la dangerosité d'un détenu.
Cette loi est une réponse qui se fonde sur le mythe du médecin sachant lire dans les âmes, a pour sa part souligné Pierre-Alain Schneider, président de la Société médicale de la Suisse romande (SMSR). Or le patient dit à son médecin ce qu'il veut bien lui dire, a-t-il ajouté.
Les meurtriers d'Adeline ou de Marie font partie d'une catégorie de psychopathes particuliers, malins, capables de cacher leurs pulsions, a relevé M. Schneider. Pour ce dernier, la modification législative votée par le Grand Conseil est inopérante, contre-productive et va à rebours du bon sens.
/ATS