Le partenariat entre le CHUV et MV Santé pour l'ambulatoire ne donne pour l'heure pas les résultats escomptés, estime la Cour des comptes. MV Santé Beaumont a accumulé près de 5 millions de pertes de 2014 à 2017. Le CHUV et MV Santé se veulent rassurants.
La situation de ce centre sous-occupé n'est pas durable de cette manière, a expliqué Eliane Rey. La vice-présidente de la Cour des comptes vaudoise présentait mercredi à la presse l'audit qu'elle a dirigé sur ce partenariat public-privé (PPP).
Grosses pertes
A cause de ces pertes, la société MV Santé Beaumont a accumulé une dette de 3,3 millions de francs à fin 2017 sur les honoraires des chirurgiens dus au CHUV. Celui-ci a dû postposer sa créance à hauteur de 1,1 million et MV Santé Holding à hauteur de 3,1 millions afin de pallier l'annonce au juge.
A partir de 2017, le CHUV s'est engagé à verser une indemnité à MV Santé en cas d'occupation inférieure à 6340 cas par année. Cela a représenté 0,8 million de francs pour 2017, soit 1242 francs pour 616 cas manquants à Beaumont. Il faut donc intensifier le transfert en ambulatoire.
Partenariat unique
Conclu en 2011, le PPP entre le CHUV et MV Santé est unique en Suisse. Le démarrage du centre pour les interventions ambulatoires situé à l'avenue de Beaumont à Lausanne date de 2014.
Les objectifs de transfert d'interventions ambulatoires du CHUV à Beaumont 'n'ont jamais été atteints' depuis l'ouverture. Des erreurs de planification concernant la pédiatrie et la gynécologie expliquent en partie la sous-utilisation de cette structure moins onéreuse que le CHUV, de 50% sur 17 types d'interventions.
Nouvelle tendance
Au départ du projet, il y a une vraie 'opportunité'. Il fallait reprendre l'activité de la clinique de Longeraie et venir en appui au CHUV dont le bloc central devait être rénové. A ces éléments occasionnels s'est ajoutée une tendance générale: favoriser les opérations en ambulatoire au lieu du stationnaire qui coûte davantage.
Le lancement du PPP semble s'être fait un peu à la hussarde. Pas de groupe de travail associant les différents intéressés médicaux et un Conseil d'Etat vaudois auquel l'on n'a pas présenté les 'scénarios alternatifs' et les implications financières, note Eliane Rey.
Planification erronée
Par exemple, sur plus de 1500 interventions prévues en pédiatrie de 2014 à 2017 à Beaumont, il n'y en a eu que 0,2% de réalisées finalement. Selon la Cour des comptes, l'Hôpital de l'enfance juge que les transferts ne se justifient pas au vu de 'son environnement dédié et de son personnel spécialisé.'
Les prévisions de transfert pour la gynécologie sont 'la deuxième erreur'. Des salles sont encore disponibles au CHUV où 'l'intimité des patientes' serait mieux préservée, relate Eliane Rey parlant des 'locaux exigus' de Beaumont.
Manque d'intégration
Autre problème avec les équipes d'anesthésistes. Si ce sont les chirurgiens du CHUV qui opèrent à Beaumont, les anesthésistes viennent de MV Santé. Pour le CHUV, c'est une perte en formation et en apprentissage si bien que la Cour des comptes recommande de remédier à cette situation.
Un PPP devrait être gagnant-gagnant, ce qui n'est pas le cas actuellement. 'Le CHUV doit passer à la caisse et ce centre ambulatoire est sous-occupé, c'est vraiment regrettable', a déclaré Eliane Rey.
Bénéficiaire, selon le CHUV
Dans un communiqué, le CHUV affirme que le partenariat lui est 'bénéficiaire tant dans la possibilité d'opérer un virage ambulatoire que sur le plan financier.' Grâce à ce dispositif, le centre hospitalier a pu traiter 'plus de patients complexes dans son bloc opératoire sans investissements supplémentaires.'
Selon MV Santé, la Cour des comptes relève que le partenariat a permis au CHUV d'économiser 2 millions de francs par année depuis 2014. Le partenariat a démontré que l'on peut proposer 'un service moins cher pour la communauté et meilleur pour le patient'.
Pas critique
'Notre situation de l'unité MV Santé Beaumont n'est pas critique, même s'il y a eu des pertes financières durant les premières années. Ce projet est prévu dans un horizon de 10 ans dans un système encore inadapté pour la chirurgie ambulatoire', a déclaré Milan Vuckovic, directeur de MV Santé.
/ATS